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7 conséquences imprévisibles après la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la gauche

Décrypter Par Eric Le Braz 30 janvier 2017

7 conséquences imprévisibles après la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la gauche

Bon, ça c'est fait. 

Twitter/@benoithamon
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Comme François Fillon à droite, Benoît Hamon a réussi son hold-up sur la primaire de la gauche. Déjà, le cinquième de la présidentielle est devenu quatrième. Et après ? Ah, après, tout est possible... 

Benoît Hamon a raflé près de 60 % des voix à la primaire de la gauche. S’il a gagné sur son terrain, il est loin d’avoir rassemblé toute son équipe. Mais sa victoire la semaine du #PenelopeGate montre que cette présidentielle est plus imprédictible que jamais…

1 Le « p’tit Ben » est devenu grand

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Le couac en direct

Capture écran

A part le couac, il a été impec’. Le couac, c’est de couper la parole à Manuel Valls alors qu’il était en train de faire son discours d’adieu et d’allégeance. Valls, et c’est dans son ADN, a été loyal et a appelé à se rassembler derrière Hamon. Mais « p’tit Ben » (le surnom made in Martine Auby), probablement sans le savoir, a pris la parole alors que Valls n’avait pas fini son speech. Bon.

Pour le reste, son discours était dans les clous. Le rassemblement hamonien, c’est non seulement de saluer son adversaire, mais aussi d’invoquer les figures tutélaires du PS et de se mettre dans les pas de Mitterrand, Jospin, Royal, Hollande… bref tous ceux qui l’ont précédé à la présidentielle. Avec en prime un clin d’œil à Rocard. Il a même convoqué une  icône de la droite libérale, Tocqueville, un peu comme Sarko qui évoquait Jaurès. Mais c’était pour citer une phrase emblématique de son positionnement : « Chaque génération est un peuple nouveau, c’est à vous de décider quel peuple vous voulez être  ».

That’s it. Hamon a réussi à fédérer un électorat générationnel, de jeunes précaires, séduits par ses propositions sur le revenu universel ou la libéralisation du cannabis. C’est le cœur de ses meetings et probablement de sa victoire. Maintenant, il faut élargir la base sous peine de n’être qu’un Sanders français…

2 Jadot va devoir trancher

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Pendant le deuxième tour de la primaire, Jadot suivait ostensiblement un  autre match et postait un selfie depuis la finale du championnat du monde de Handball.

Twitter/@yjadot

Dans son discours de victoire, Benoit Hamon a aussi fait un appel du pied à Yannick Jadot, le candidat écolo et à Jean-Luc Mélenchon. Au moins, on aura parlé de Jadot en prime time. Boudé par les médias donc inaudible, le candidat écolo a surtout, d’après nos informations, un mal de chien à réunir ses 500 signatures.

L’hécatombe des élus EELV aux dernières élections et l’étrange pas de deux de son mentor, Dany Cohn Bendit, pour Macron, squeezent sa campagne. Sans compter les persiflages du fan club de Cécile Duflot…

Jadot risque d’être condamné à offrir ses 2 % potentiels (mais qui peuvent faire une différence) à l’un des candidats de gauche. Va-t-il continuer à faire allégeance à Dany pour rejoindre Macron ? Encore faudrait-il que ce dernier ait un semblant de programme écolo. Pour l’instant, il a surtout un passé, heu un passif,  de partisan du diesel, du nucléaire et des boues rouges.

Il pourrait aussi s’acoquiner avec Mélenchon dont le nouveau pédigrée écolo a de quoi séduire. Oui, mais comment un européen convaincu et convainquant comme Jadot pourrait-il se pacser avec un europhobe notoire ? 

Reste donc Hamon, vainqueur d’une primaire que Jadot voulait rejoindre en son temps. Hamon, écolo converti et premier socialiste à verdir son discours. Oui, ce serait logique que Jadot soutienne Hamon.

Mais la logique et la politique, hein ! 

Mise à jour : le lundi 30 février, Yannick Jadot a affirmé au micro de Bourdin sur RMC qu'il y aura bien "un bulletin Jadot à la présidentielle". Bon courage. 

3 Mélenchon met de l’eau dans son rouge

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JLM découvre la réalité virtuelle au Cnam d'Angoulème.

Instagram/Cnam-Enjmin

C’est la surprise de la soirée électorale. La réaction de Jean-Luc Mélenchon à la main tendue de Benoît Hamon qui lui proposait de construire une majorité gouvernementale avec Jadot a été étonnamment conciliante. Dans un texte d’un seul paragraphe (JLM il faut apprendre à aller à la ligne !) de 2982 signes sur sa page Facebook, le candidat insoumis salue la « pulsion dégagiste » qui a éjecté Valls et exprime sa satisfaction que  Benoît Hamon ait «  chanté des paroles si proches des nôtres ». Et il ajoute : "Pour moi, sixième République, planification écologique, indépendance de la France, couvrent désormais un champ plus large que celui qu'ils occupaient lorsque nous étions seuls à les prononcer".

Oui c’est bien du Jean-Luc Mélenchon. Le même qui refusait toute main tendue il y a encore quelques jours.

Mais depuis, un sondage vient de le placer derrière Hamon (à 10 % seulement contre 13 pour le vainqueur de la primaire de la gauche!). Et surtout, il a retenu les leçons de 2012 et sait bien qu’un bon score à la présidentielle ne sert à rien s’il n’y a pas pas un bon accord pour les législatives derrière… 

4 Les soc-lib prêts à migrer

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Sur son compte Tweeter, le vallsiste  Christophe Caresche indique bien une direction...

Twitter/@CCaresche

Si Valls a été beau joueur, ses soutiens s’affichent déjà mauvais perdants. Très mauvais perdants. Car la gauche du PS n’a jamais quitté le parti (Mélenchon excepté) tout en restant minoritaire depuis, disons, le congrès d’Epinay (1971). Mais là, pour se venger des frondeurs, c’est l’hémorragie annoncée. Les seconds couteaux du camp Valls (Christophe Caresche, Malek Boutih, Pierre Aidenbaum) laissent entendre à qui mieux que les sirènes de Macron sont audibles après avoir déclaré que « Si Benoît Hamon l’emporte, c’est une catastrophe politique majeure pour la gauche qui s’annonce » (ça, c’est du Boutih).

On ignore encore si le PS va survivre à ces envies de Macron. Hamon va rencontrer Cazeneuve pour tenter de retenir les fuyards par le haut. C’est pas gagné. Mais est-ce si grave ? 

Cette clarification entre ces deux gauches qui se font la guerre depuis, allez, le congrès de Tours il y a bientôt un siècle ont peut-être enfin besoin de se séparer… quitte à se rabibocher en mai. 

Mise à jour : le lundi matin, quatre parlementaires PS se sont déjà mis "En marche !" Mais les soutiens de Macron commencent à envoyer des messages limpides à tous ceux qui envisageraient de les rejoindre. Il n'y aura pas d'investiture automatique a prévenu Richard Ferrand, secrétaire général du mouvement "En Marche !". Traduction : on n'a pas envie d'apparaitre comme le radeau de sauvetage du PS. Belle ambiance. 

5 Et pendant ce temps Macron…

Il ne dit rien. Il va engranger les soutiens des émigrés du PS. Il recueille les dividendes du #Penelope Gâte. Il est désormais au coude à coude avec Fillon pour le second tour. Il devient favori de la présidentielle. Si Bayrou se tient tranquille, il a une autoroute devant lui. Oui mais…

6 On va pouvoir aborder les problèmes escamotés

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Les thèmes oubliés de la primaire de la droite reviennent au centre des débats.

Twitter/@EmmanuelMacron

C’est le retour du débat d’idées. Escamotés lors de la primaire de la droite où les échanges se sont limités à un combat de postures et à des bisbilles sur le nombre de fonctionnaires à supprimer, les thèmes structurants de la présidentielle ont été mis sur le tapis par la percée de Hamon.

L’environnement, les bouleversements provoqués par la révolution numérique, un nouveau rapport au travail sans compter les débats de société jamais abordés à commencer par la libéralisation du cannabis sont enfin au cœur de la présidentielle.

Fillon l’a bien compris en affirmant qu’il voulait que « la France soit parmi les leaders mondiaux de l’intelligence artificielle ». Il se positionne ainsi sur un thème que Benoit Hamon a introduit et qui va toucher tous les métiers. En fait, la geek culture s’est infiltrée pour la première fois dans un débat politique en France. Deux candidats s’en font les chantres, Fillon et Macron. Pendant ce temps, Hamon sans combattre l’évolution, estime qu’il faut la maitriser. Quant à Mélenchon, à défaut de l’analyser finement, l’utilise habilement et promet un meeting par hologramme.

Le débat sur les migrants ou la laicité s’évapore donc. Mais Marine Le Pen a encore peu parlé…

7 Aujourd’hui, tout est possible, surtout l’impensable

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En meeting, le camarade Fillon n'a plus main sur le coeur mais le poing levé. 

Twitter @FrancoisFillon

Récapitulons. A la place du duel Hollande-Sarkozy, les Français ont choisi les surprises et ce n’est pas probablement pas prêt de s’arrêter.

1)        Fillon est à nouveau outsider. Mais son discours rectiligne et brillant du 29 janvier prouve qu’il n’a qu’un genou à terre. S’il n’est pas mis en examen, il restera redoutable car totalement présidentiable.

2)        Mais s’il est mis en examen, il renonce et la droite canal historique va redevenir la plus bête du monde.

3)        Macron devient favori. Mais c’est, on l’a bien compris pour cette élection, la plus mauvaise place pour gagner. Et le jour où il dévoilera enfin son programme, il risque de faire fuir les uns (juppeistes, centristes…) ou les autres (socialistes, indécis…).

4)        Mélenchon est en perte de vitesse, mais c’est peut-être lié à l’épisode de la belle alliance populaire. On attend avec impatience d’écouter son hologramme.

5)        Marine Le Pen joue comme d’hab’ la stratégie du silence. Mais elle est obligée elle aussi d’avoir un programme. On devrait le connaître cette semaine…

6)        Hamon est en position de force, il passe devant Mélenchon dans les sondages, il n’est cependant toujours pas favori… donc favori (vous me suivez ?), mais c’est normal, il vient de gagner une manche. Et on sait bien qu’après le triomphe d’une primaire, on risque le trou d’air.

7)        Et si Hollande revenait ? Non, je déconne. Mais au point où on en est, rien n’interdit de penser que tout est possible… Y compris l’arrivée inattendue d’un ovni.

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