7 plans B pour remplacer Fillon
Aucun ne l’avoue, mais tous y pensent. Juppé, Baroin, Larcher, Wauquiez… et pourquoi pas de plus grosses cotes : Bertrand, Pecresse. Ou un septième hors les clous qui pourrait griller tout le monde !
Bon, c’est pas pour l’enterrer, mais s’il continue comme ça, il va finir par se faire doubler par Hamon puis Mélenchon. La strausskahnisation de François Fillon est en marche et il ne pourra pas se relever d’une telle embrouille en quelques semaines. Le #PenelopeGate + Les enfants gâtés + le siphonage de l’argent de LR vers son micro parti + les défections de députés + les chèques à son nom + un trafic d’influence lié à l’attribution d’une décoration + les révélations sur les indemnités de Pénélope que FF qualifie de mensonge (mais sans attaquer en diffamation) = un point de moins par jour dans les sondages et plus des deux-tiers des Français qui ne veulent plus de lui. Et encore, on ne sait pas ce qu’il y a dans les photos compromettantes que Closer aurait finalement renoncé à publier.
Fillon réaffirme qu’il ne flanchera pas, qu’il faut tenir quinze jours (une semaine est passée), et qu’il va tracer sa route en bon pilote de course qu’il est. Il ne veut pas se rendre compte qu’il vient de se prendre un platane et que son bolide est en feu. Sa conférence de presse était au niveau, merci Anne Méaux, mais les excuses arrivent vraiment un peu tard... Et ne persuadent que les commentateurs professionnels de la politique. Car huit Français sur dix n'ont pas été convaincus !
D’autres - les juges, ses « amis » ou le parti - vont très probablement finir par lui faire entendre raison avec des arguments prompts à faire plier un psychorigide de son acabit. Mais alors, il faudra bien trouver ce fameux plan B.
Une chance, on ne manque pas de prétendants potentiels...
1 | Alain Juppé, le candidat logique |
Il a beau tweeter NONC’ESTNON, si ce n’est l’autre, c’est plutôt lui. Dans les statuts de la primaire de la droite et du centre, il est prévu que si un candidat se retire, le suivant prend sa place. On imaginait alors que ce schéma pouvait se passer entre les deux tours de la primaire… et pas en pleine course présidentielle. Mais rien ne pourrait probablement empêcher Alain Juppé d’obtenir l’investiture LR (et la bénédiction des centristes) si Fillon renonçait. Il est non seulement légitime mais il surfait de plus sur de bons sondages face aux autres candidats et éviterait ainsi à son camp une inutile guerre de succession.
OUI MAIS… le comte d’Aquitaine dans sa tour abolie refuse catégoriquement d’y aller. «"Je n'ai pas du tout l'intention de me lancer dans une opération de repêchage. À l’instant T, la question ne se pose pas : c'est François Fillon notre candidat." Du Juppé tout craché. Trop orgueilleux pour faire office de doublure. Et trop intelligent pour fermer toutes les portes quand sera passé « l’instant T ».
Il y a cependant deux autres obstacles considérables pour empêcher sa candidature : Macron s’est installé sur ses parts de marché et le contraste avec la jeunesse de l’impétrant risque d’être terriblement cruel. Et puis comment Juppé pourrait-il défendre le programme brutal de Fillon après l’avoir tant pilonné ? Comment l’identité heureuse pourrait-elle rassembler son camp après avoir été rejetée ? Bref, c’est mal barré.
2 | Gérard Larcher, le candidat filloniste |
Vous imaginez Retaillau candidat ? Ou la wonderCatho Valérie Boyer arborant ces croix ostentatoires dans les débats ? La manif pour tous et ses affidés son bien trop minoritaires pour espérer concourir. Non, un seul fan de la première heure a la carrure d’un président, puisqu’il est déjà deuxième personnage de l’Etat. Gérard Larcher, c’est le seul poids lourd du fillionisme, canal historique. Le président du Sénat a beau vigoureusement démentir toutes les ambitions qu’on lui prête tweetant même « Les amis c'est comme les étoiles: c'est pendant la nuit qu'on peut les compter », il a tous les atouts pour concourir si Fillon jette l’éponge (d’ailleurs il était cité comme Premier ministre potentiel).
Larcher n’est pas identifié à une droite clivante et revancharde, il ne fait pas peur. Sa bonhomie naturelle est un atout pour séduire d’autant qu’on ne se méfie jamais de de lui. Mais c’est bien pour ça qu’il gagne à la fin : pour devenir deux fois président face à Jean-Pierre Raffarin, il faut être un fin politique et un sacré manœuvrier.
OUI MAIS pour faire figure d’héritier, il a intérêt à être intronisé par François Fillon himself. Sinon, il passe pour un Brutus, un opportuniste, un vautour.
Une fois lancé, il a d’ailleurs bien peu de chances de gagner. Pas très connu du grand public à part lorsque Canteloup moque son physique, il a de surcroit un désavantage de poids à cet égard, si je puis dire. Car aucun homme rond n’est jamais devenu président : ni Poher, son lointain prédécesseur au Palais du Luxembourg, ni Raymond Barre, ni Edouard Balladur… Les Français élisent des minces comme Chirac, des secs comme Giscard, et des nerveux comme Sarkozy. Le seul enveloppé comme dirait Obélix qui a gagné une présidentielle, c’était François Hollande. Mais c’est justement et aussi parce qu’il venait de maigrir et qu’on saluait sa volonté. Ça va être dur en 80 jours pour Gégé.
3 | François Baroin, jeune pour la vie |
C’est le vrai plan B du plan B si Juppé préfère se désister. Et c’est d’ailleurs dans cet esprit que sa candidature est soutenue par le clan Sarkozy qui cauchemarde à l’idée d’un retour du Bordelais vengeur. Et qui ne se fait guère d’illusion sur le très improbable come back de l’ex président pris dans d'autres affaires jusqu'au cou.
Plus que ses expériences de ministre et outre ses ascendances chiraquiennes, Baroin a un atout de taille, c’est son air juvénile. Ça fait tellement longtemps qu’il joue les petits jeunes, qu’on a oublié qu’il avait 51 ans. C’est un vrai « plus produit » face à Macron. François Baroin, baby Chirac passé au sarkozysme (par haine de Juppé certes) est le gendre idéal de la droite.
OUI MAIS Il est connu mais pas célèbre car pas un électeur n’est capable de citer une se ses répliques (il en a pourtant sorti quelques unes comme "Wauquiez c’est le Fou du Puy !" ou de l’associer à une quelconque pensée politique. Pas facile d’être bon en tout et si Baroin est un virtuose de la langue de bois, son charisme de premier communiant n’est pas la meilleure arme pour faire vibrer un peuple de droite désorienté…
4 | Xavier Bertrand, le plan B du plan B du plan B |
C’est donc le plan B du plan Baroin (le plan B de Juppé donc) si celui-ci se dégonfle. Un élu LR cité par la Voix du Nord résume ça parfaitement : « Baroin, c’est bien, mais c’est pas très excitant. Bertrand est fillono-compatible, biberonné comme lui au séguinisme. Son ambition est connue. Son travail depuis un an à la Région est propre. Et il a déjà battu Marine Le Pen. »
Absent de la primaire pendant laquelle il n’avait pas fait part de ses préférences, le Président de la région des Hauts-de-France n’est désiré par aucun camp et donc acceptable par tous. Un peu comme ses papes dit de transition, qu’on élit pour ne pas choisir des candidats trop marqués.
OUI MAIS il a juré qu’il se consacrerait à sa région. Commencer une présidentielle en reniant une promesse, c’est pas terrible...
5 | Laurent Wauquiez, la relève de la jeune garde. |
Il plait aux soutiers du parti, il serait le candidat idéal d’une base militante (et aussi votante) populaire, provinciale, sarkoziste. C’est un Copé sans embrouilles, une droite décomplexée et un peu sociale à la fois.
OUI MAIS écarté de la direction par Fillon à peine intronisé, sa candidature serait celle d’une revanche. Wauquiez candidat, c’est la guerre civile assurée dans le parti. Un peu comme si Filoche remportait la primaire du PS.
6 | Valérie Pécresse, le retour de la fille prodigue |
Et si c’était une femme ? Les Républicains joueraient un bon coup en présentant une candidate pour remplacer Fillon… Sauf que le casting est limité.
MAM ? Pour l’instant, elle se présente en dehors du parti en espérant obtenir un poste de ministre. Elle peut plaire à un quarteron de militants. Mais franchement, qui irait voter pour un tel pédigrée, coach ratée de Ben Ali et aussi chaleureuse que Bernadette Chirac…
NKM ? Elle n’a pas démérité à la primaire et est même passée devant Le Maire. Son discours bobo compatible pourrait faire succomber une minorité de macronistes potentiels. Mais bon, elle est détestée par tout le parti et révulse la base. Donc…
Il n’en reste qu’une et ce serait Valérie Pécresse. Gagnante de la plus importante des régions de gauche, la présidente du Conseil régional d’Ile de France coche en outre de nombreuses cases : elle est jeune, souriante, compétente, expérimentée, catho et de surcroit Versaillaise tendance vallée de Chevreuse ce qui ne gâte rien auprès de l’électorat tradi.
OUI MAIS… elle a trahi Fillon une fois pour rejoindre Juppé trois semaines avant le premier tour de la primaire de la droite. Une grosse bourde que le Sarthois n’a jamais vraiment pardonnée (« Je suis déçu, mais sans doute est-elle encore plus gênée que moi. » a-t-il perfidement dit). Elle aurait pu être sa première ministre, sa dauphine, son héritière et son recours aujourd’hui. Elle peut le devenir encore. Enfin, si Fillon est grand prince…
7 | Henri Guaino, l’alternative séguiniste |
En bon rebelle, il est pour l’instant en dehors des clous. Eliminé de la primaire because, il n’avait pas assez de parrainages, il mène pour l’instant une campagne solitaire et qui est restée quasi inaudible jusqu’au Penelope Gate.
OUI MAIS… depuis que Fillon est dans la panade et qu’aucune pointure de droite n’ose tirer le premier contre le vainqueur de la primaire, les médias s’arrachent Guaino qui répète en boucle que Fillon est fini. En fait, l’ex plume de Sarkozy a tout intérêt à ce que le Sarthois se maintienne le plus longtemps possible. Les républicains n’auront alors pas le temps de concevoir un plan B crédible et il deviendra une véritable alternative.
En effet, de tous les orphelins de Séguin, Henri Guaino est probablement le seul à être resté un gaulliste social sans sombrer dans le post thatchérisme fillonien. Il est apte à séduire l’électorat sarkoziste. Il a au moins l’expérience de deux présidentielles gagnées dont il fut l’un des inspirateurs : celle de 95 avec Chirac et celle de 2007 avec Sarkozy. Ce qui tendrait à prouver qu’il gagne une présidentielle sur deux … et jamais deux sans trois.
On délire ?
Certes.
Un peu.
Mais franchement, n’est-ce pas la présidentielle la plus délirante de la Ve que nous sommes en train de vivre ?
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