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Après le Brexit… A qui le tour ?

Anticiper Par Jean-Pascal Videau 22 juin 2016

Après le Brexit… A qui le tour ?

L'Europe a déjà la tête dans le sac.

pixabay
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Le choix britannique du 23 juin pourrait bien éparpiller l’Europe façon puzzle… Après le vote des sujets de sa royale majesté pour le départ de l’Union européenne, nul doute que de nombreux pays voudront eux aussi filer à l’anglaise. 

Le Brexit pourrait bien être contagieux ! D’abord parce que l’accord conclu le 20 février 2016 à Bruxelles – dont les concessions devaient donner des arguments à David Cameron pour gagner sa bataille du "stay" – contient des dispositions facilitant une Europe à la carte. Et, a contrario, la possibilité d’une désintégration.

Dispensée "d’une union toujours plus étroite avec l’Europe", la Grande-Bretagne ouvre la voie aux Etats qui souhaitent approfondir cette relation, mais aussi aux autres, qui voudraient bien l’imiter.

Les eurosceptiques ne cessent de gagner du terrain sur le Continent, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Au Nord, ce sont les mouvements nationalistes et souverainistes qui agitent les esprits… A l’Est, les anciens pays du bloc soviétique subissent de plein fouet la vague de migrants et les inquiétudes montent. Au Sud, la crise financière et les politiques d’austérité drastiques qui ont suivi ont laissé des traces. Les British ont largué les amarres... d’autres référendums suivront sans doute.

1 Le Nexit : next step pour les Pays Bas ?

La Hollande, c’est l’autre pays du Brexit. Le choix britannique est pour les très libéraux Néerlandais une vraiment mauvais nouvelle, car c’est leur premier partenaire commercial qui s’éloignerait d’eux. Déjà, le sulfureux Geert Wilders, leader du parti d’extrême droite PVV et député, a appelé à un référendum sur un Nexit : « La Grande-Bretagne montre à l’Europe la voie de l’avenir et de la libération. Le peuple néerlandais mérite lui aussi un référendum. Le parti de la Liberté demande donc un référendum sur une NExit. »

Premier pays contributeur net de l’Union, les Pays-Bas voient d’un mauvais œil l’élargissement européen pratiqué depuis les années 2000. Point d’orgue de cette défiance, le référendum en avril 2016 sur le traité de coopération avec l’Ukraine, pour lequel les citoyens ont dit non. Un refus d’autant plus fort que le projet était porté par de nombreux acteurs de la société civile. Quoi qu’il en soit, Geert Wilders capte les mécontentements et caracole en tête de tous les sondages pour les législatives de 2017.

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2 Le Swexit ferait switcher la Suède

Ça chauffe dans le plus important des pays nordiques : avec la perspective du Brexit,  l’euroscepticisme a fait un sacré bond. Désormais, un tiers seulement des Suédois souhaiteraient rester au sein de l’UE, alors qu’en 2015 la proportion était inverse. Une chute due notamment à la crise des migrants, dont la Suède a accueilli un grand nombre avant de réinstaurer ses frontières  et de procéder à des expulsions. Autre motif d’insatisfaction : à l’instar de ses voisins danois ou finlandais, la Suède fait partie des plus gros contributeurs nets au budget de l’UE, dont elle ne tire pas vraiment avantage. 

Surtout, le départ du Royaume-Uni, important partenaire commercial, où une centaine d’entreprises suédoises ont installé leur siège, pourrait dégarnir le camp des libéraux à Bruxelles, tenu notamment par les Britanniques et les pays du nord. Néanmoins, le poids politique des eurosceptiques est encore insuffisant dans ce pays dirigé par un gouvernement alliant gauche libérale et écolos.

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3 Le Grexit grèverait gravement la Grèce

Situation tout à fait particulière dans ce pays qui a frôlé la sortie de route depuis 2008 pour des raisons purement financières et monétaires. Si le berceau de la démocratie a pu rester dans la zone euro, les remèdes qui lui ont été infligés ont laissé des traces et l’euroscepticisme de la population est au plus haut.

Malgré l’élection du gouvernement Tsipras, étiqueté extrême-gauche, début 2015, et un dernier accord financier en mai 2016, le sentiment de défiance à l’égard de l’Europe est très vivace. Outre la difficile situation économique, le pays a subi de plein fouet la crise des migrants et observé le manque total de solidarité européenne, Allemagne exceptée. Mais Syriza, le parti de Tsipras, semble avoir abandonné ses envies de pugilat avec l’UE pour une politique plus pragmatique.

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4 L’Autriche très axée sur l’Öxit

La ligne bleue des Alpes n’intéresse guère les médias, mais il est toujours utile de voir ce que pensent les Autrichiens, vigies occidentales de l’Europe de l’Est. Ce sont d’ailleurs eux qui ont envoyé le premier coup de semonce sur l’UE, à la suite d’une pétition citoyenne signée par plus de 260.000 personnes en 2015, qui avait forcé le Parlement à un débat sur une éventuelle sortie de l’Europe. Lequel a rejeté l’idée d’un référendum, mais c’est dire que l’euroscepticisme ici n’est pas un vain mot. Et chacun garde en tête le résultat de la dernière élection présidentielle, le 22 mai 2016, où l’extrême-droite du FPÖ aurait pu l’emporter face au candidat écologiste Alexander Van Der Bellen.

Une façade plus qu’un rempart, la popularité du Parti de la Liberté (FPÖ) restant intacte, portée là encore par la crainte d’un afflux massif de réfugiés venus du Proche Orient. Mais son leader, Heinz-Christian Strache, qui vise en 2018 le poste plus opérationnel de la chancellerie, n’est a priori pas pour un retrait de l’UE. L’Europe à la carte lui conviendrait parfaitement pour en changer l’orientation.

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5 Le Hexit agréerait-il la Hongrie ?

Comme son cousin l’Öxit, le Hexit fleure bon l’Europe centrale et ses coups de menton autoritaristes. S’ils sont désormais moins seuls en la matière, les Hongrois ont néanmoins été pionniers en élisant le très controversé Viktor Orban dès 2010. Cet ultranationaliste a résolu le problème de l’afflux de réfugiés en érigeant des barbelés le long de ses frontières, une vieille habitude semble-t-il difficile à perdre. Celui qui a mis à sa botte les institutions du pays, médias compris, boit du petit lait en voyant émerger peu à peu un axe allant de la Pologne à la Hongrie, nationaliste, eurosceptique et antilibéral.

Mais le personnage est plus complexe qu’il n’y paraît, et il milite de façon très pragmatique contre le Brexit : car malgré des propos fracassants, il n’oublie pas que la Hongrie bénéficie à plein des politiques et des budgets européens. Dans ce classement des pays les plus susceptibles de sortir de l’UE (EU Exit scorecard), réalisé par Morgan Stanley, elle apparaît même comme le pays qui reçoit le plus (colonne « net payment »)… 

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6 Le Frexit fracasserait la France… et l'Europe

Après le Brexit… A qui le tour ?

Pour l'instant, les Français sont effrayés par le Frexit.

Opnionway pour LCI

Frexit, ça sonne comme Freaks. Le fait est qu’une telle éventualité ferait trembler de peur n’importe quel Européen. Car la France, c’est un membre fondateur de l’Union, au même titre que l’Allemagne, et elle en fut longtemps un moteur. La panne actuelle est pourtant préoccupante : un récent sondage a montré que 55% des Français souhaitaient un référendum sur une sortie de l’UE (mais un quart seulement voterait pour le Frexit). Une revanche sur la ratification du traité de Lisbonne –version remaniée en 2007–, qui a fait fi du non au référendum de 2005 ? 

Exaspérés par un fonctionnement démocratique lointain et des normes complexes, leur euroscepticisme n’a fait que grandir depuis, même si les opposants à l’Europe le sont pour des raisons très diverses.

Longtemps seul à appeler à un référendum, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, dont le parti Debout la France n’a guère de poids électoral, est maintenant suivi par le Front national. Marine Le Pen appelle désormais clairement à une telle initiative, publiant sur son compte Twitter ce matin du 24 juin un message clair: « Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l’UE ». Ce scénario est encore assez lointain, mais pour Morgan Stanley, la France fait partie des pays les plus à risque

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7 Le Czexit excite les Tchèques

Dans la catégorie « je t’aime, moi non plus », la République tchèque est un cas d’école. Ce pays, qui reçoit bien plus qu’il ne paie, est un des principaux bénéficiaires des politiques structurelles européennes. Mais dans une intéressante étude réalisée par la Fondation Robert Schumann, sur le risque de contagion en cas de Brexit, on constate que les citoyens tchèques estiment que leur situation économique est plutôt bonne mais qu’ils pourraient faire mieux s’ils étaient hors de l’UE.  

Ce pays, devenu l’atelier de l’Allemagne grâce à une main d’œuvre moins chère mais qualifiée, souffre d’abord d’un sentiment d’appartenance à l’UE très faible, au même niveau que les Britanniques selon Morgan Stanley. A l’instar de leurs voisins slovaques, les Tchèques semblent d’abord s’identifier à un bloc d’Europe centrale « ostalgique », inquiet d’une immigration massive et incontrôlée à ses portes. Là encore, un référendum n’est pas prêt d’être soumis à ses citoyens : son Premier ministre, le social-démocrate Bohuslav Sobotka, a déjà allumé des contre-feux en cas de Brexit, prévenant du risque économique considérable que prendrait son pays à sortir de l’UE.

Sauf que le président du pays s'est déclaré partant pour un référendum sur la sortie de l'UE (et de l'Otan) le vendredi 1er juillet.  Milos Zeman s'est cependant déclaré "en désaccord avec ceux qui veulent quitter l'Union européenne". En attendant d'ouvrir la boîte de Pandore, le gouvernement a très vite réagi en excluant tout référendum....

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