Bilan de la COP 27, le rendez-vous ULTIME du climat
La 27ème Conférence des Nations Unis sur le climat s’est ouverte dimanche 6 novembre à Charm el-Chekh, en Egypte. Quels sont les enjeux de ce grand rendez-vous de l’environnement ? La rédaction de 7x7 a retenu 7 choses à savoir sur la COP 27.
Blocage du périphérique à Paris et à Londres, entartrage de la statue de cire du roi Charles au musée Madame Tussauds, jet de soupe sur les Tournesols de Van Gogh à la National Gallery, ou encore intrusion sur les pistes des aéroports pour empêcher le décollage de jets privés… A l’approche de l’ouverture de la COP 27 en Egypte, des actions coup de poing des militants écologistes se sont multipliés. L’objectif : interpeller les décideurs.
Les négociations de la COP27, la conférence des Nations unies (ONU) sur le climat, se sont ouvertes dans une atmosphère particulièrement tendue. Entre intensité des phénomènes climatiques extrêmes, contexte géopolitique bouleversé avec la guerre en Ukraine et pression des pays pauvres pour obtenir un soutien financier, les enjeux de la COP 27 sont nombreux.
1 | COP 27 : Des promesses aux actes ? |
La COP27, la conférence des Nations unies (ONU) sur le climat, s’est ouverte, dimanche 6 novembre 2022, sur un rappel à l’ordre alarmiste : « L’humanité a le choix : coopérer ou périr. Il s’agit soit d’un pacte de solidarité climatique, soit d’un pacte de suicide collectif, a déclaré Antonio Guterres, le chef de l’ONU à plus de 100 dirigeants mondiaux lors de la cérémonie d’ouverture. Notre planète arrive à un point de bascule qui fera du chaos climatique un phénomène irréversible ».
Simon Stiell, représentant des Nations Unies pour les changements climatiques a appelé les dirigeants du monde à relever le plus grand défi de l’humanité en mettant en œuvre l’Accord de Paris sur le climat de 2015. Le monde a le devoir de « transformer les paroles en actes », a-t-il déclaré. Selon lui, les dirigeants - qu'ils soient Présidents, Premiers ministres ou PDG - seraient tenus responsables des promesses faites l’an dernier à la COP26 à Glasgow. « Parce que nos politiques, nos entreprises, nos infrastructures, nos actions, qu'elles soient personnelles ou publiques, doivent être alignées sur l'Accord de Paris et sur la Convention [des Nations Unies sur le climat] ».
2 | COP 27 : 30 ans de sommets sur le climat |
Créées il y a 30 ans lors du Sommet de la Terre à Rio, les COP ont pour objectif de “stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère pour empêcher toute interférence dangereuse de l'activité humaine sur le système climatique”.
Les dirigeants du monde entier se réunissent chaque année pour prendre des mesures concrètes face au dérèglement climatique. C’est le cas notamment de l’Accord de Paris lors de la COP21.
Cependant, ces sommets sont régulièrement critiqués pour leur absence de résultats. Beaucoup déplorent un décalage entre la signature de ces traités et leur mise en place. Certains dénoncent aussi le manque de sanctions contre les pays appliquant mal les traités signés.
La militante suédoise Greta Thunberg a récemment qualifié les conférences des Nations unies pour le climat de machines à "greenwashing [...] pas vraiment destinées à changer le système".
3 | COP 27 : L'objectif des 1,5 degrés hors de portée ? |
Principal défi de cette 27ème Conférence des Nations Unis sur le climat : contenir le réchauffement climatique en deçà de 1,5°C d’ici à 2030.
Si lors de la dernière COP26 en 2021 à Glasgow, les signataires de l’accord s'étaient engagés à réviser annuellement leurs engagements en matière de lutte contre les émissions, appelés "contribution déterminée au niveau national" (NDC), seuls 24 pays ont fait cet effort. L’Europe, les Etats-Unis et le Japon ont notamment franchi un pas important dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais selon les experts, le monde se dirige vers un réchauffement « catastrophique » de 2,5 °C à la fin du siècle. Si les pays poursuivent leurs politiques actuelles, l’élévation de la température pourrait même atteindre 2,8 °C en 2100.
Selon François Gemenne, rapporteur du Giec, l’objectif d’une augmentation de la température de 1,5 degré d’ici à la fin du siècle est désormais irréaliste : « Je pense qu’il faut pouvoir se donner des objectifs atteignables qui ne soient pas des chimères. Moi, je plaide pour qu’on fixe un objectif à 2 degrés qui était l’objectif initialement retenu par l’accord de Paris. L’objectif de 1,5 degré avait essentiellement été choisi pour faire plaisir aux petits États insulaires ».
4 | COP 27 : Les pays du Sud veulent peser dans les négociations |
Alors que la COP est organisée cette année sur le continent africain par le gouvernement égyptien, de nombreux pays de ce continent, en particulier les pays en voie de développement, vont saisir l’opportunité pour faire entendre leurs revendications et essayer de reprendre la main sur les négociations.
Davantage touchés par le dérèglement climatique, les pays du Sud réclament des compensations financières pour leurs « pertes et dommages » de la part des pays riches.
Les pays riches s'étaient engagés à verser 100 milliards de dollars par an aux pays en voie de développement dès 2020. Mais cette aide plafonne à 83 milliards. Les États-Unis et l'Europe restent frileux sur le principe d’accorder des financements nécessaires aux pays du Sud pour leur permettre de s’adapter aux impacts des dérèglements climatiques.
Selon un rapport intitulé « Le coût du retard » depuis 1991, 79 % des décès enregistrés et 97 % du nombre total de personnes touchées par les conséquences des événements climatiques extrêmes l’ont été dans les pays en développement. Le nombre d’événements climatiques extrêmes dans les pays en développement a plus que doublé en 30 ans, faisant plus de 676 000 morts.
5 | COP 27 : Un contexte géopolitique tendu qui menace de reléguer l’urgence climatique au second plan. |
Le bouleversement géopolitique majeur lié à la guerre en Ukraine entrera forcément en ligne de compte au sein des négociations climat lors de cette COP 27.
Notamment sur les stratégies énergétiques des pays les plus influents politiquement. Comme la Chine, pour qui la sécurité énergétique passe avant les objectifs climatiques. Jorgen Randers, coauteur du rapport Meadows sur les limites de la croissance, pointe du doigt l’inaction des politiques : « Ce dont on a besoin, c’est très simple, c’est de s’accorder sur l’arrêt du charbon, du pétrole et du gaz, sur les 30 prochaines années. Ce n’est pas compliqué à réaliser, car la majorité de ces énergies sont brûlées dans les pays riches. Donc, si nous, les riches, on arrête de les brûler, on peut laisser le reste du monde augmenter son usage des énergies fossiles. On réglera d’un coup deux problèmes : le problème du climat et celui de la pauvreté. »
6 | COP 27 : État des lieux des engagements financiers de la France |
En 2009, les pays développés s’étaient collectivement engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an de financements climat pour les pays en développement à partir de 2020. De son côté, la France s’était engagée à mobiliser six milliards d’euros. En 2020, elle avait mobilisé 5,08 milliards d’euros, dont 1,96 milliard d’euros pour l’adaptation au changement climatique.
En 2021, elle a dépassé ses engagements en mobilisant 6,1 milliards d’euros, dont 2,2 milliards d’euros en faveur de l’adaptation.
7 | COP 27 : Les grands absents du sommet pour le climat |
Parmi les absences les plus remarquées au sein des 125 chefs d’Etat annoncés, la Chine et les États-Unis - Jo Biden devrait s’y rendre le 11 novembre 2022, après le résultat des midterms - les deux plus gros pollueurs au monde. "Les deux plus grandes économies, les États-Unis et la Chine, ont une responsabilité particulière. Elles doivent joindre leurs efforts pour concrétiser un pacte. C'est notre seul espoir pour réussir", a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, en ouverture de la cérémonie.
Autre Etat absent, l'Inde, troisième émetteur de GES, derrière la Chine et les Etats-Unis. Le Premier ministre indien et futur président du G20, Narendra Modi, avait fait le déplacement à la COP26 de Glasgow où il avait déclaré vouloir atteindre la neutralité carbone d'ici à 2070. Il avait également annoncé deux autres objectifs : baisser d'un milliard de tonnes les rejets de gaz à effet de serre (GES) et tripler la production d'électricité issue des énergies renouvelables d'ici à 2030.
Vladimir Poutine, ainsi que les premiers ministres canadiens et australiens sont également absents de cette 27ème conférence de l’ONU sur le climat.
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