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Le plan secret de Trump pour dynamiter l’Occident

Décrypter Par Eric Le Braz 13 juin 2018

Le plan secret de Trump pour dynamiter l’Occident

Guillaume TC a encore une fois bien résumé la situation : Trump préfère les satrapes aux démocrates.

© #CROISONSLES @GUILLAUMETC
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Inexorablement, il oxyde l’Occident. Les mamours ostentatoires entre Kim Jong-un et Donald Trump sont le début de la fin d’un monde.

Il a réussi son coup à Singapour. En n’obtenant rien ou presque, juste des promesses du pire des dictateurs, le champion du monde des bonimenteurs a mis en scène sa vision du monde et ses convictions profondes. Pour Donald Trump, les tyrans sont plus fiables que les alliés. Car ils sont plus proches de son cortex. Et voici pourquoi ...

1 Donald Trump n’est pas dingue ...

Le plan secret de Trump pour dynamiter l’Occident

Donald Trump est-il dément ?

pixabay / johnhain

« Trump, le président fou » a titré le journal de Montréal, résumant dans un édito au vitriol l’opinion du monde « civilisé ». Analyse reprise par capital.fr en France (et approuvée par 70% des lecteurs).

Fou, vraiment ? Méfions-nous des apparences. Faut pas croire ce que racontent les journaux et les conversations de bistrot. Non, Donald Trump n’est pas fou. Il est égocentrique, narcissique, colérique, susceptible, mégalo… ça fait un paquet de défauts mais le total n’en fait pas un psychopathe. Sarkozy avait les mêmes travers et, à part Marianne,  personne n’a songé à l’enfermer. Les attitudes et les positions désarçonantes de Trump ne sont pas les symptômes d’une maladie mentale mais, au contraire, les expressions, certes inquiétantes, d’un corpus idéologique cohérent. Ce président veut la fin de l’occident.

2 Cent ans sans solitude

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Les sculptures de Gutzon Borglum

pixabay / foto-Rabe

Trump n’est pas fou à lier. Et n’est plus allié. Ce qui est quand même un évènement considérable. Depuis une centaine d’années, les Etats-Unis d’Amérique était allié à la France et au Royaume Uni. Le truc n’a pas trop mal fonctionné et a permis de remporter deux guerres mondiales. Puis l’alliance s’est étendue à de nouveaux amis pour contrer le bloc soviétique. On a appelé ça l’Occident et la team a gagné la guerre froide tandis que l’adversaire s’est décomposé. Grosso modo, après l’implosion de l’URSS, l’alliance a perduré pour mater les Serbes, déclencher des guerres dans le golfe et renverser quelques dictateurs avec des résultats mitigés. Mais bon, c’était un camp qui tenait son rang, dominait le monde, mangeait à sa faim, vivait avec l’eau chaude et des toilettes à domicile, et pratiquait à l’intérieur de ses frontières, une démocratie de bon aloi.

Seulement, c’est fini tout ça. Comme l’explique avec maestria un article du New York Times, Donald Trump est en train de d’essayer de détruire l’Ouest.

3 Donald Trump pilonne ses amis ...

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pixabay / conmongt

Avant Trump, l’Amérique dirigeait, de fait, une alliance atlantique, incluant la Baltique et élargie au Japon. Dans cette grande famille hétéroclite, on ne se faisait pas de cadeaux commerciaux, on avait parfois quelques divergences, sur la guerre en Irak par exemple, mais on savait se parler, discuter, avancer. Ça, c’était avant.

Trump ne discute plus avec ses amis. Son coup de force du G7 est un modèle du genre. Il se déclare victime de ses alliés puis impose unilatéralement ses sanctions. Une photo résume bien tout ça : Il croise les bras et toise le tas.

Et fuck les dégâts collatéraux.

Qu’il se brouille avec l’Allemagne, une puissance commerciale dirigée par une sorte d’humaniste pragmatique, c’est compréhensible. Qu’il déteste Trudeau et le contre modèle canadien, c’est de bonne guerre. Mais qu’il humilie ses plus fidèles affidés britanniques et qu’il ignore son plus grand fan, Sinzo Abe, on a plus de mal à comprendre la logique.

Elle est pourtant limpide. Si Trump torpille ses amis, c’est parce qu’il est passé à l’ennemi

4 Donald Trump préfère les satrapes aux démocrates ...

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Bernie Sanders dénonce la politique de Donald Trump

Facebook

Kim, qu’il étreint comme un Macron et félicite avec forces effusions, n’est que le dernier d’une série de dictateurs oints par l’hôte démocratiquement élu de la Maison blanche. Bernie Sanders, dans une vidéo implacable, explique très bien tout ça. 

Trump félicite Erdogan pour sa victoire au Référendum, il s’entend avec le président philippin qui a éliminé 12.000 personnes dans sa guerre contre la drogue because « He’s doing an amazing job » passons sur ses affinités électives avec MBS le Saoudien ou Xi Jinping….

Mais vous allez me dire, il est pote avec Macron ! Oui, c’est vrai. Avec Emmanuel Bonaparte, pas avec Justin trop doux. Le boss du monde se sent des affinités avec le césarisme cool et la poignée de main ferme du Jupiter de l’Elysée… plutôt qu’avec la bisounours attitude du bogoss canadien. Et de toute façon, il n’écoute ni l’un, ni l’autre… Le seul qu’il respecte et semble écouter, c’est un autre blondinet.

5 Donald Trump, c’est une poupée russe ...

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Série The Americans

Amazon

Trump a plutôt la morphologie de l’agent Beeman, le limier du FBI de la série « The Americans ». Mais, il se comporte pourtant comme une vraie taupe de l’Union Sov… des Russes, Donald. Dans cette série passionnante, on suit les aventures tordues d’un couple d’espions soviétique immergé dans la société américaine des années 80. Donald fait tout pareil, à son niveau, et sans se cacher, lui.

Il a proféré pendant la campagne son estime pour Poutine qui le lui a bien rendu en déclenchant les manips anti Hillary pour contribuer à la victoire de son poulain. Depuis, Trump se dépatouille comme il peut de cette amitié encombrante… mais il ose se plaindre avant le sommet du G7 de l’absence du huitième larron, exclu pour avoir envahi un bout de l’Ukraine. Il y a de quoi rester pantois. Pendant le sommet de Charlevoix, il a donc préféré l’ennemi séculaire aux alliés historiques.

Sors de ce corps Poutine ! Mais non, ça va pas être possible. Pourquoi ? David Leonhardt, l’éditorialiste du New-York Times ci-dessus cité résume très bien tout ça : « Peut-être, est-ce idéologique et préfère-t-il l’autoritarisme poutinien à la démocratie. Ou peut-être, n’y-a-t-il pas de stratégie évidente et Poutine possède vraiment des informations compromettantes sur lui. A moins que Trump aime simplement être contre toutes les positions des précédents présidents américains. » Ou peut-être les trois fois à la fois ?

Mais le résultat est évident. La politique étrangère de Trump est totalement poutinienne. Et comme son mentor du KGB, il aime souffler le chaud et le froid, user de menaces et adopter une attitude, apparemment, imprévisible. Sauf que ses revirements et ses atermoiements ne s’éloignent jamais d’une logique totalement prévisible.

6 Donald Trump : la cohérence d’un système ?

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America First

pixabay / geralt

Sans remonter jusqu’à la doctrine Monroe (pas Marilyn, mais James Président américain qui proféra le premier le concept isolationniste d’Amérique aux Américains en 1823), l’America First de Donald Trump est une promesse électorale qui tient lieu de feuille de route. Le président américain est un élu qui tient ses promesses. Et peu importe les conséquences.

Pour complaire à son électorat, mais aussi pour être en accord avec ses convictions capitalo-nationalistes, mister president sort de l’accord de Paris, déclare la guerre commerciale à ses alliés et se comporte sans filtres comme un maître du monde de série B. Voilà pour la stratégie. Pour la tactique, il faut se référer à son bréviaire, « Art of the deal », son livre préféré au monde après la bible.

Un bouquin écrit avec un journaliste en 1987 qui explique sa philosophie en quelques formules chocs résumés par 20 Minutes :

« Fight Back » (Rendez les coups) : Si Kim frappe en l’air, il riposte sur twitter.

« Think Big » (Voyez grand), plutôt que faire une géopolitique des petits pas, miser sur une dénucléarisation totale de la Corée en serrant la main à son dictateur.

« Know when to walk away » (Savoir quand claquer la porte) : il l’a fait au G7, il a failli annuler le sommet avec Kim. Tout l’art du deal de Trump est dans cette posture. Sa politique de la chaise vide est la plus efficace. Pour l’instant.

« Be unpredictable » (Soyez imprévisible) : c’est presque sa signature. Mais le fait de l’affirmer, transforme la surprise en prédiction. Trump frappe puis caresse et embrasse pour mieux éteindre. Ça finit par se savoir et se prévoir. A condition d’avoir lu son deuxième livre préféré

7 Avec Donald Trump, bannière étoilée, Europe étiolée ...

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Bannière étoilée du drapeau américain

pixabay / vabo2040

Le souci avec Trump, c’est que ses interlocuteurs ne semblent pas avoir lu le livre écrit par l’homme qui ne lit rien sauf ce qu’il croit avoir écrit. Sa vision d’un monde « polypolaire » dirigé par himself est en train de dynamiter des alliages intangibles. Son soutien tacite et explicite aux gouvernements populistes européens en est la manifestation la plus flagrante. Il peut, très vite compter sur l’Italie pour dédiaboliser la Russie. Et il nomme un ambassadeur en Allemagne prêt à tout pour soutenir la droite dure en Europe.

L’isolationnisme américain est une illusion. C’est d’abord un interventionnisme qui peut annihiler tout un continent au profit d’un nouvel axe des Rocheuses à l’Oural. Les accolades de Singapour ne sont pas un signe de paix. C’est la fin d’un monde

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