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Les 7 événements qui ont mis la Nuit Debout

Décrypter Par Nicolas Salvi 27 novembre 2024

Les 7 événements qui ont mis la Nuit Debout

De toute façon, il n'y a pas de places assises

Elliott VERDIER / AFP
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Tout s'est passé tellement vite qu'on en oublierait presque comment c'est arrivé. Alors à 7x7, on a décidé de revenir sur ce mois de mars qui n'en finit pas de durer.


De la sortie du film Merci Patron à l'apparition du mouvement Nuit Debout, de la contestation de la loi travail à la fondation du collectif Convergence des luttes. Alors, Indignados ? Occupy ? Ni l'un ni l'autre, mon général ! Ou un peu des deux...

1 "Merci Patron !"

Les 7 événements qui ont mis la Nuit Debout

Ceux qui ont déjà vu le documentaire de François Ruffin peuvent en témoigner : Merci Patron! fait l'effet d'une bouffée de gaz euphorisant sur quiconque n'est pas classé au CAC40. Tourné pour 150 000 euros, vu par plus de 220 000 personnes à ce jour, le film raconte l'histoire de la revanche du siècle. Celle d'un couple de chômeurs, les Klur, qui feront chanter Bernard Arnault avec la complicité du rédacteur en chef du journal Fakir. Le tout raconté avec humour, moules-frites et maroilles.

Mais avant d'être un succès, le film a été un catalyseur. Dès janvier, Ruffin et ses camarades ont sillonné inlassablement les routes de France, galvanisant à grands coups d'avant-premières les espoirs de la gauche critique un peu partout dans le pays. Si bien que le jour de la sortie de Merci Patron, un large public avait déjà fait sienne la devise de Fakir : « à la fin, c'est nous qu'on va gagner ! »

2 "Leur faire peur"

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Dans les cercles militants, la morosité des dernières années s’estompe. C’est donc possible, c’est donc si simple de faire trembler le monde de la finance ? Et maintenant, qu'est-ce qu’on fait ?  L’économiste Frédéric Lordon, grand fan du film, esquisse une réponse après une projection parisienne : « Il ne faut pas qu'on rentre chez nous chargés comme des piles électriques sans rien faire de cette énergie. »

L'équipe de Fakir le prend au mot en organisant, à la Bourse du Travail, une soirée au titre sans équivoque : Leur faire peur. L'idée : réunir les prolos, les écolos et les intellos. Des Goodyear, des zadistes, des lecteurs du Monde Diplomatique... se réunissent pour faire converger leurs revendications, mais surtout pour faire connaissance. Surtout, lancer un mot d'ordre : « Nous ne rentrerons pas chez nous après la manif du 31 mars ».

3 "Loi travail, non merci !"

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Oui, parce qu'entre temps, le gouvernement leur offre le plus beau cadeau qu'ils pouvaient imaginer : la loi travail. Le ministère de Myriam El-Khomri a beau cumuler les efforts de pédagogie sur Twitter, rien n'y fait. Un mouvement inédit prend forme sur internet. La pétition loi travail non merci lancée par Caroline de Haas amasse plus d'un million de signatures alors que les youtubeurs se réunissent autour du hashtag #onvautmieuxqueça. Une lame de fond qui ne tarde pas à gagner la rue.

Blocages de lycées, occupations de fac… les directions syndicales, prises de court, sont bien forcées d'appeler à la grève pour suivre le mouvement. Le cauchemar du gouvernement prend forme : celui d'un soulèvement simultané de la jeunesse et des salariés. Les quelques corrections apportées au projet de loi n'auront pour seul effet que de calmer la CFDT. Il aura suffi, en revanche, d'un coup de poing policier pour déchaîner les lycéens. 

4 "Convergence des luttes"

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laetitiablabla

Rapidement, les participants de la soirée « Leur faire peur » fondent le collectif Convergence des luttes.  Un site web est mis en ligne, présentant le groupe comme un rassemblement « d’intermittents, de syndicalistes et de citoyens engagés, déterminés à [s']unir pour faire entendre [son] ras le bol de la politique gouvernementale, politique qui n’a de cesse de réduire nos droits sociaux, au seul profit des intérêts du patronat. » 

Le 14 mars, Une deuxième soirée à la Bourse du Travail permet de concrétiser l'action du 31 : la Nuit Debout. Malgré une communication sommaire sur la soirée, plus de 200 personnes se réunissent et se portent volontaires pour aborder les questions de logistique et d'organisation. Ce n'est plus une idée, c'est un projet.

5 "Le monde ou rien"

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Alors que le souvenir du CPE se rappelle à nos mémoires, le mouvement contre la loi travail s'installe dans une radicalité inattendue. Pour beaucoup de participants, il est temps de questionner le travail plus largement et, pourquoi pas, notre modèle de société.

Le 16 mars, un tract intitulé « Le monde ou rien » atterrit ainsi sur de nombreuses tables d'amphi et boîtes mail. Signé par un mystérieux Comité d'action, le texte n'est pas sans rappeler l'insurrection qui vient. Extrait :  « A la limite, si on descend dans la rue contre la loi travail, c’est pas parce qu’elle concerne le travail. C’est parce que la question du travail, c’est la question de l’emploi de la vie ; et que le travail, tel que nous le voyons autour de nous, c’est juste la négation de la vie, la vie en version merde. »

6 "Faire quelque chose"

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Frédéric Lordon dans l'amphithéâtre occupé de Tolbiac

Les lecteurs du Monde Diplomatique connaissent déjà Frédéric Lordon. Les autres, un peu moins. L'économiste de gauche critique, amateur de modèles échevelés inspirés par Spinoza et la trigonométrie, s'affirme aujourd'hui comme une voix incontournable de la contestation. Dans un mouvement qui affirme l'égalité de tous, c'est un peu embêtant. Mais il faut bien admettre que l'auteur d'Imperium a le sens de la synthèse (mais pas la synthèse hollandaise).

Lordon le 30 mars dans l'amphithéâtre occupé de Tolbiac : « Nous ne revendiquons pas de droits. Nous ne revendiquons rien du tout d'ailleurs. Revendiquer c'est déjà s'être soumis. »

Lordon le 31 mars à République : « Il est possible qu’on soit en train de faire quelque chose. »

Lordon le 34 mars, à République toujours : « Il faudrait que nous écrivions une constitution. La constitution de la République sociale. »

7 "Rêve générale"

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Il aura fallu un film coup de poing, de multiples réunions, une loi controversée, un économiste remonté, une police déchaînée, des amphis occupés pour faire naître la Nuit Debout. Voilà 6 jours que le mois de mars est plus long que prévu, et les médias sont bien en peine de comprendre ce qu'il se passe sur la place de la République. S'agit-il d'Indignados ? D'une déclinaison d'Occupy ? Que revendiquent-ils ? Qui se cache derrière eux ? La plupart de ces questions n'ont pas encore de réponse, et le plus sage reste d'aller chercher des infos à la source.

Ce qu'on sait, c'est que la Nuit Debout (de Paris et d'ailleurs) est un rassemblement de citoyens qui avaient très envie de se rassembler. L'esquisse d'une communauté politique différente de celle qui les gouverne. Et à voir les chiffres de fréquentation, qu'elle soit réelle (4000 personnes le 31 mars) ou virtuelle (80 000 personnes sur Périscope le 34 mars), il semblerait que de nombreuses personnes attendaient cet événement...

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