7 raisons de boycotter #Brest2016
Des directeurs qui coulent, un déficit abyssal, un ticket d’entrée salé, des gros poissons qui fricotent en eaux profondes… Tonnerre de Brest, mais quel panier de crabes ce rassemblement de grands voiliers !
Brest organise tous les quatre ans, depuis 1992, un grand rassemblement de voiliers plus ou moins anciens. L'événement qualifié, en ces temps de mondialisation, de « fête maritime internationale », pourrait vous convaincre d'affronter le crachin pour oublier la défaite des Bleus face à la grande bleue. Voici 7 raisons de vous abstenir d’aller à Brest 2016.
1 | Ne pas creuser le déficit public |
A l'origine furent des rassemblements, presque spontanés, de vieux gréements, de marins et d'amoureux du patrimoine maritime, à Pors beac'h (prononcer bèr), puis à Douarnenez. Ensuite, vint la grande fête organisée par le Chasse-Marée (une revue d'ethnologie maritime), à Brest, en 1992. Un triomphe : un demi million de visiteurs et beaucoup d'antiques voiliers de travail, chacun exprimant à sa façon, le génie des marins des côtes de France. La fête associative des vieux gréements, pleine de chants, d'histoires et d'Histoire afficha un bilan financier bénéficiaire, largement alimenté par les recettes joyeuses des buvettes.
Notez qu'à même date, des ruraux jaloux mais inspirés, lancèrent à Carhaix, les « vieilles charrues », une modeste manifestation musicale et associative qui a connu depuis un certain succès.
Cependant, à Brest, la mairie fit main basse sur la fête, l'administration municipale se chargeant de la rendre compliquée, payante, et déficitaire... L'association municipale « Brest Evenements Nautiques » (BEN), chargée désormais de l'organisation des festivités, navigue entre deux eaux, et engloutit sans vergogne des millions de subventions publiques, si l'on en croit le rapport (très modéré) de la chambre régionale des comptes (consultable sur internet).
2 | Vous n'en aurez pas pour votre argent |
A l'aube du XXIème siècle, vint un nouveau maire, François Cuillandre, une sorte de Grand Timonier, qui pour parfaire la « municipalisation » des fêtes réussit le tour de force de transformer une kermesse culturelle bon enfant en un parc d'attraction low cost.
Low cost, c'est une façon de parler, parce que pour deux adultes et deux enfants, il vous en coutera 48 euros (contre 30 euros pour une visite du Louvre). Moralité : si vous avez les moyens, allez plutôt aux « voiles de Saint Tropez »), où régatent les plus beaux vieux gréements du monde ; si vous ne les avez pas, évitez d'inviter à Brest les grands parents ou vos cousins à la mode de Bretagne, ça vous « coûtera un pont » comme disent nos cousins belges
3 | On a vite fait de passer par dessus bord |
Monsieur François Cuillandre, Maire de Brest et Président de la métropole, est à la barre de sa fête maritime depuis le début du millénaire, il mène sa barque comme président perpétuel de l’association municipale « BEN » (Brest Evènements Nautiques), une sorte de grand timonier, on vous l’a dit. En tant que tel, il n’est pas ennemi de la tradition des purges puisque lors de chaque édition des fêtes maritimes, immanquablement, le directeur salarié de l’association passe par dessus bord ! La présente édition n’a pas manqué à l’habitude puisque le 8 mars, François Arbellot, le directeur salarié a appris son limogeage par la presse ! Remplacé au pied levé par le chef de cabinet du maire, le directeur licencié, désormais condamné à la galère du pôle emploi, l’a trouvé plutôt saumâtre. Irrespectueux en diable, il a eu le mauvais goût d’en appeler à la justice prudhommale et réclame à l’association municipale, en pleine restriction budgétaire, la coquette somme de 350 000 euros.
Même si vous avez l’intention de n’émettre aucune critique à l’attention du grand timonier, retenez qu’il a le coup de barre brutal, et que l’on a vite fait de passer par dessus bord.
4 | Une odeur de marée nauséabonde |
Monsieur le maire de Brest François Cuillandre est, de fait, un personnage sympathique et il a donc beaucoup d’amis. Ses amis, c’est un peu aussi ces qu’on lui reproche, à en croire l’article de Marianne du 8 juillet 2016. Il y est exposé la façon très particulière dont auraient été passés certains marchés relatifs à l’organisation des fêtes maritimes. On y décrit par le menu comment le directeur licencié de Brest événement nautiques (BEN), François Arbellot, a eu le tort de réclamer des comptes à Rivacom, l’agence de com préférée du maire François Cuillandre pour laquelle sa fille a été attachée de presse (entre autre liens familiaux à la mode de Bretagne). Dans sa lettre de licenciement, le premier magistrat brestois se plaint que le directeur de BEN ralentisse le travail de Rivacom par ses « interventions directes » ou ses « demandes de validations ». En prime, il reproche à François Arbellot de décrédibiliser un « partenaire ». « Etonnante formule de la part d’un docteur en droit », estime Marianne qui souligne qu’un « prestataire » redevable à un donneur d’ordres, n’est pas un « partenaire ».
Une procédure d’appel d’offre, s’agissant d’argent public, comporte toujours une dose d’incertitude quant à l’attributaire qui sera désigné à l’issue de la procédure. Pour contourner l’aléa, il paraît bien plus simple de procéder comme pour les élections corses. On désigne par avance l’heureux vainqueur de l’appel d’offre, lequel est aimablement invité à donner son avis sur le cahier des charges du marché avant sa publication.
On peut même, en signe de bonne volonté, lui verser un acompte, puis tout ceci étant réglé, procéder enfin à la publication de l’appel à candidature. Le résultat à l’arrivée, est immanquablement conforme au résultat escompté. Bien entendu, il ne s’agit là que de méchantes rumeurs, tout le monde à ce jour, étant présumé innocent.
Il n’en reste pas moins qu’à Brest comme ailleurs, les petits cadeaux entretiennent l’amitié, même s’ils ne sentent pas toujours bon. Manquerait plus que le procureur ait le nez fin !
En tout cas, pour une fois notre Président a eu le nez creux. Hollande qui était venu prendre un bain de foule lors de l’édition de 2012, et avait même prononcé un discours, était décidé à revenir cette année prendre un bain de liesse dans la foulée de l’Euro. Las, ses services ont sans doute eu vent des turpitudes du Grand Timonier et le Président s’est excusé « pour des raisons d’agenda ».
5 | Eviter de se retrouver à l'épicentre d'une guerre nucléaire |
Avec des finances à marée basse, l'association municipale (BEN) doit redoubler d'imagination pour éviter un naufrage financier. Il a ainsi été prévu de taxer de 20 euros chacun des navires de plaisanciers (ils sont plus d'un millier), qui feraient un brin de conduite à la grande parade navale qui conduit les vieux gréements de Brest à Douarnenez. Le problème, c'est la perception de cette taxe qui doit être réclamée par les organisateurs embarqués sur de rapides bateaux à moteur, auprès des navires des touristes-plaisanciers accompagnant l'armada en route vers Douarnenez.
Imaginez un honnête plaisancier américain, de passage à la pointe bretonne, soudain assailli par des hors-bords, lui réclamant à toute force 20 euros pour avoir le droit de continuer sa route ! S'il n'a pas voté Trump, il ne sortira pas immédiatement son flingue, mais il ne manquera pas d'invoquer le « libre droit de passage inoffensif » dans les eaux territoriales (convention de Genève et de Montego Bay), et de signaler à la radio qu'il est victime d'un acte manifeste de piraterie. D'ici à ce que la 8ème flotte américaine vogue au secours d'un citoyen US rançonné, il n'y a pas loin (les colons américains pendent les pirates sur les quais de Savannah depuis le XVII siècle). Imaginez un peu l'US navy nucléarisée arrivant en état d'alerte maximale à la pointe bretonne où se trouve précisément le centre de la dissuasion nucléaire française, à l'ile longue, en plein centre de la rade de Brest. D'incident diplomatique on pourrait virer à l'accident nucléaire !
Bon, rassurez vous, si le projet a bien été envisagé (le document détaillé existe) il a été finalement abandonné
6 | Fuir le réchauffement climatique |
Le joyau de la rade de Brest, c'est sans conteste Plougastel, la presqu'île aux cents chapelles. Traditionnellement, le visiteur découvrait au détour d'un havre, au creux d'une ria, le vrai pays de la fraise. C'est en effet, en 1714, à Plougastel que débarqua la fraise du chili qui hybrida les variétés que nous sucrons aujourd'hui.
Las, effet du réchauffement climatique sans doute, voici maintenant la presqu'île plongée en plein climat méditerranéen. Les mœurs de la côte d'Azur semblent s'être invitées sur la rade puisque Dominique Cap, le maire de Plougastel, se voit empêtré dans une affaire de notes de frais des plus curieuses. L'édile s'est ainsi fait rembourser force repas « de travail », dans la région mais aussi à Paris ou Nantes. Chaque note comporte le nom des invités, le plus souvent des élus. L'étude détaillée desdites factures laisse néanmoins les contribuables locaux perplexes. On y découvre ainsi que beaucoup de ces repas, où l’on était sensé débattre des affaires municipales, se déroulaient le week-end, certains étaient arrosés de sodas, et se concluaient par une tournée générale de glaces « mister freeze », des élus à l'esprit très jeune ! Plus curieux encore, les édiles invités à ces déjeuners de travail, ont pour la plupart, perdu mémoire depuis, puisqu'il ne gardent aucun souvenir de ces agapes. Effet du changement climatique sans doute! Dans la presqu'île en tout cas, les esprits s'échauffent, avec l'idée que leurs impôts ne serviraient pas que l'intérêt public. Un juge d'instruction a été chargé de rafraichir l'atmosphère, M Dominique Cap restant présumé innocent.
7 | Ne restez pas en rade |
Venir en Bretagne, pourquoi pas ? Mais il existe 823 543 (7 7) lieux plus intéressants que les fêtes maritimes de Brest et ses touristes en ciré. Vous y trouverez par exemple les deux plus beaux villages de France, si l’on en croit les émissions de télé : Ploumanac’h et Belle-Ile-en-Terre, la plus grande concentration de monuments historiques (après l’Ile de France), des plages, des ports et des beaux bateaux partout. La gastronomie est la meilleure de France si l’on en croit Curnonsky : « de toutes les cuisines, la bretonne est ma préférée car elle est droite en goût et les choses ont le goût de ce qu’elles sont ». Dernier conseil, visitez le chantier de l’ahurissante « vallée des saints », où prend forme l’œuvre architecturale la plus imposante depuis la construction des pyramides !
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