Police : les 7 nouvelles tendances printemps-été dans les manifs
Drone, techniques de dissimulation, opérations préventives... Ces 45 derniers jours ont vu nos forces de l'ordre faire preuve d'une rare imagination.
Une matraque et une grenade lacrymo. Ça, c’est l’équipement de base. Mais aujourd’hui, le policier de manif a plus d’options qu’une BM. Le problème, c’est que ces nouveautés ne servent pas qu’à lutter contre les casseurs mais favorisent aussi les bavures…
Du déguisement à la copmobile en passant par de nouvelles stratégies d’interpellations de plus en plus borderline, on a fait le tour des nouveautés printemps-été 2016.
1 | Le drone |
On savait, depuis le 31 mars, que la préfecture de police de Paris cherchait à s'équiper de drônes. Le site d'infos Next INpact avait même mis la main sur l'appel d'offres. Il y était question d'un appareil « équipé d'une caméra thermique », « robuste » et « conçude sorte qu’il soit difficilement détectable de façon auditive. » On vous laisse juger du rendu dans les premières secondes de la vidéo de Taranis News ci dessus.
2 | Le "journaliste" |
C'est devenu un marronnier du mouvement social : la police infiltre-t-elle les manifs? Si quelques médias se penchent régulièrement sur la question, on passe généralement à autre chose faute de preuves suffisamment solides. Mais pour ce printemps, on n'arrête pas le progrès. C'est maintenant pour des journalistes que se feraient passer certains représentants des forces de l'ordre.
Il y a d'abord eu cette vidéo (Taranis news, toujours) qui ne prouve pas grand chose mais qui met la puce à l'oreille, puis, un peu plus inquiétant, ce communiqué du Syndicat National des Journalistes qui s'appuie sur « de nombreux témoins ».
3 | Le contrôle préventif |
Le saviez-vous ? Selon la loi, la durée maximale d'un contrôle d'identité est de 4 heures, soit plus ou moins le temps d'une manif. Une particularité bien française qui n'a visiblement pas échappé à la préfecture. Des témoignages de plusieurs militants font état de contrôles préventifs, voire d'intimidations à proximité de leur domicile : "le deal c’est qu’on te laisse et que tu ne vas pas à la manifestation". A lire sur le site d'information coopératif Paris Luttes Info, par exemple là et là. Un photo-reporter s'est également vu interdit de manifestation, avant que l'arrêté préfectoral qui le visait soit formellement annulé mardi matin.
4 | La bouilloire |
On connaissait la bonne vieille charge de CRS, la dispersion des foules à l'aide de grenades lacrymogènes... mais la vraie nouvelle tendance de ce printemps du maintien de l'ordre, c'est le kettling. En anglais, car c'est bien d'outre-Manche que nous arrive cette spécialité, "kettle" signifie bouilloire. En France, on parle plus volontiers de nasse. Il s'agit donc pour les forces de police anti-émeute d'encercler un groupe de manifestants pour plusieurs heures. Le temps où la police française donnait des leçons d'anti-émeute aux bobbies est désormais révolu.
5 | Viser la tête |
Les unités de maintien de l'ordre sont assez friandes de ce qu'on appelle les "armes sublétales". Comprendre : ça fait mal, mais ça tue pas. Le problème, c'est que certaines d'entre elles peuvent faire définitivement mal si on lit la notice en diagonale.
En ce qui concerne le flashball et autres lanceurs de balles de défense, il est formellement interdit de viser au-dessus des épaules. Une consigne qui semble être plutôt de l'ordre du conseil indicatif pour certains CRS, puisqu'un étudiant a récemment perdu un œil à Rennes. Un nom de plus sur la liste déjà longue des éborgnés du flashball.
6 | Viser la presse |
Une autre "arme sublétale" fréquemment utilisée par la police en manifestation : la grenade de désencerclement, conçue pour disperser les foules en explosant très bruyamment. Encore une fois, son utilisation est encadrée par des consignes assez claires.
Ce qu'il faut faire : lancer la grenade par le bas en la faisant rouler sur le sol après sommation.
Ce qu'il ne faut pas faire : lancer la grenade à hauteur de visage des journalistes. Le photographe Fab Enero en a fait les frais, recevant notamment un éclat au visage.
On aimerait croire à l'épisode isolé et accidentel, mais ça n'a pas l'air d'être la thèse de cet article de buzzfeed.
7 | La copmobile |
Le nouveau joujou des brigades d'intervention françaises s'appelle Titus. Quelques chiffres : 3 mètres de haut, 8 mètres de long, un moteur de 500 Chevaux pour une pointe à 100 km/h, un blindage contre toutes les attaques du monde (même nucléaires), une capacité de 11 personnes avec 4 trappes pour snipers, 6 roues motrices. Le tout pour la somme modique de 2,4 millions d'euros, soit, si on fait le calcul, 400 000 euros par roue motrice.
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