Trump et Sanders, même combat ?
Ce mardi 5 avril, Bernie Sanders et Ted Cruz ont remporté les primaires du Wisconsin. Avant la prochaine étape à New York le 19 avril, qui sera déterminante pour Hillary Clinton, Bernie Sanders et Donald Trump dominent toujours le débat. Mais qui sont vraiment ces outsiders de la présidentielle aux Etats-Unis?
Qu’y a-t-il de commun entre Donald Trump, promoteur immobilier à la tête d’une multinationale de 500 entreprises et Bernie Sanders, sénateur démocrate socialiste du petit Etat du Vermont ? Alors que la bataille des primaires aux Etats-Unis fait rage, on a voulu savoir si, en dépit des apparences, les deux candidats de cette campagne présidentielle n'avaient pas quelques points communs. Financement, démocratie, rapport aux réseaux sociaux, diversité, égolité et égalité... Au jeu des 7 erreurs, on trouve des similitudes, mais aussi des différences de taille.
1 | Tous les deux s'autofinancent |
Plus petit dénominateur commun : les deux candidats critiquent l’«establishment» des deux grands partis politiques. A droite, l’un devance tous ses concurrents dans le camp Républicain. A gauche, l’autre colle encore aux basques de la favorite du parti Démocrate, Hillary Clinton. Donald Trump se vante d’être tellement riche que personne ne peut l’acheter. Sa valeur nette * est estimée à 10 milliards. Bernie Sanders, lui, “pèse” 330 000 dollars.
Tous deux autofinancent leur campagne. Trump en puisant dans son argent de poche, en organisant ses meetings dans ses casinos et en vendant à ses supporters ses produits dérivés made in China. Sanders en cumulant les dons de millions de citoyens, - 27 $ en moyenne -, qui ont versé jusqu’à présent 140 millions de dollars à sa campagne.
* Différence entre les actifs - la valeur des biens - et les passifs - crédits, charges, amortissements.
2 | La corruption en ligne de mur |
Bernie Sanders et Donald Trump accusent tous deux les banques, les entreprises et les grosses fortunes de confisquer le processus démocratique au profit de leurs intérêts, en investissant massivement dans le financement des candidats par l’intermédiaire des super PAC.
Le motto de Bernie Sanders, "Get big money out of politics" est l’une des revendications du mouvement Occupy Wall Street, pour exiger une redistribution des richesses et des politiques favorables aux pauvres et aux classes moyennes.
En matière de corruption, Donald Trump, lui, parle d’expérience: « J’ai donné beaucoup aux politiciens parce que quand je veux quelque chose, je l’obtiens. Et quand je les appelle, ils me baisent le cul ». Nuance.
3 | Deux hommes en colère |
Avec leur franc-parler, Bernie Sanders et Donald Trump soulignent tous deux le ressentiment de la classe ouvrière, fâchée avec les élites politiques, frustrée par la stagnation économique et inquiète pour son avenir. Leurs réponses à ces sentiments sont cependant radicalement différentes.
Sanders propose des mesures détaillées pour taxer les plus riches, augmenter les droits sociaux et les salaires, réformer les institutions et lutter contre le changement climatique. Son slogan: "A future to believe in".
Donald Trump se garde bien d’être précis sur les propositions impopulaires portées par le parti Républicain - suppression d’Obamacare, coupes dans les budgets sociaux, privatisations - et surfe sur le racisme, la xénophobie et la misogynie. Il veut bannir les musulmans du pays, construire une grande muraille de Chine entre Mexico et les Etats-Unis et punir les femmes qui avortent. Son mantra: "Make America great again!
4 | Tous les deux sont plus blanc que blanc |
Bernie Sanders et Donald Trump réalisent leurs meilleurs scores auprès de l’électorat blanc, ce qui tendrait à les disqualifier pour la Maison de la même couleur. Ces considérations de marchands de lessive masquent le gouffre qui sépare les deux candidats et leurs électeurs : Bernie Sanders est un old white guy - juif de surcroît - qui rallie la génération des 18 - 35 ans, la plus métissée qui soit, et celle-la même qui s’oppose aux discours racistes de Donald Trump en perturbant ses meetings.
Donald Trump flirte avec un électorat âgé et caresse dans le sens du poil les white supremacists, ne rechignant pas sur le soutien d’un dirigeant du Ku Klux Klan, et justifiant le recours à la violence et à la torture.
Selon un sondage relayé par le New York Times, les valeurs morales des supporters de Trump (autorité, travail, famille, patrie) sont aux antipodes de celles des supporters de Bernie Sanders (libertés individuelles, égalité, empathie). Et vice-versa.
5 | Les deux candidats sont garantis 3.0 |
Donald Trump se considère comme le « meilleur auteur en 140 signes ». Le florilège de ses réflexions les plus absurdes est compilé sur son compte Twitter, suivi par plus de 7 millions de followers. Trump abuse des médias sociaux et de la provoc’ pour faire parler de lui pour pas un rond. Il comptabilise le plus grand nombre d’abonnés sur Instagram.
Bernie Sanders affiche plus du double d’abonnés sur Youtube que Trump (92 000 contre 43 000), ce qui compense un peu son déficit d’image et de temps d’antenne dans les médias traditionnels. Il devance tous les candidats sur Reddit, avec 20 fois plus de souscripteurs que Trump, et dispose d’une équipe de geeks qui "feel the Bern", et sont prompts à utiliser toutes les ressources numériques pour organiser les militants sur le terrain
6 | Ils déplacent les foules |
Depuis le lancement des primaires, Bernie Sanders est le candidat qui attire le plus de monde dans ses meetings. Dans les grandes villes, son public dépasse régulièrement les 10000 personnes, comme à Phoenix (11000) Seattle (15000), Portland (28000) ou plus récemment à Los Angeles (27 500 + 16 000 à l’ extérieur).
A titre de comparaison, Hillary Clinton a réalisé son plus grand rassemblement public lors du lancement de sa campagne à New York, avec 5 500 personnes. Donald Trump revendique aussi d’avoir les plus grosses… foules. Son tweet affichant 15 000 participants lors d’un meeting à Phoenix, a cependant été démenti par les pompiers, qui ne plaisantent pas avec les consignes de sécurité: 4 200 personnes maximum. C’est déjà beaucoup plus que tous les autres candidats républicains.
7 | Mais sont-ils vraiment “égos” face à leur destin ? |
Chacun sait qu’il ne faut pas être tout à fait normal pour songer à être président, en se rasant ou pas. Il faut dire que dans la course folle à l’investiture, cette année électorale offre un très beau panel aux amateurs de psychopathologie. Ted Cruz, en croisade pour instaurer une théocratie, présente tous les signes du fanatisme.La mythomanie d’Hillary Clinton et ses nombreux petits arrangements avec la vérité aboutissent à ce que 56% des électeurs la considèrent malhonnête et non digne de confiance.
Bernie Sanders, qualifié d’idéaliste, semble affligé d’un certain "don quichotisme’, dans son dédain pour l’enrichissement" personnel et sa constance à dénoncer les injustices.
A l’opposé, les symptômes de Donald Trump - égocentrisme, logorrhée, harcèlement, diffamation et tendances procédurières - le classent clairement dans la catégorie des pervers narcissiques. Celle des plus grands manipulateurs !
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