7 albums POP collector
Comment ? Quoi ? Pourquoi ?? Vous avez dit « Pop », Monsieur ?? Pourquoi pas Rock ? Parce que !!...
Insistons : pourquoi « POP »?.. Et pas « ROCK » ? Tout simplement, m’a pris d’un coup l’envie de réhabiliter ce mot un rien délaissé, qui connut une belle fortune quand chanteurs et groupes se retrouvaient autour de cette appellation générique : « POP MUSIC ». Sous cet étendard, on trouvait aussi bien des chansons de langue anglaise (française, plus rarement) aux ambitions mélodieuses et harmoniques, et d’autres plus dures, brutales, fondées avant tout sur la rythmique, le riff, l’énergie.
Et puis, marketing et besoins d’appartenance se sont coalisés pour multiplier les chapelles, sous-chapelles, sectes, appellations plus ou moins contrôlées. Le rock sera devenu tour à tour garage, heavy, hard, blues, folk, psychedelic, pub, punk, noisy, metal, death metal, new-wave (qui n’a plus de « new » que le nom, ça nous ramène quand même au tout début des eighties), et pour sûr, j’en oublie en route…
De même aurons-nous glissé de la « Pop » vers le « Glam », ou vers le « Prog » -pour Rock Progressif (King Crimson, Emerson Lake & Palmer, Genesis, Yes), qu’on appela un temps « Rock Symphonique » ; On alla aussi du côté « planant » avec ces groupes allemands style Tangerine Dream, ancêtres de la techno, ou les trop méconnus Gong dans leur période illuminée, post-hippie. Le Pop a parfois tourné vers l’Ambient, le New-Age, et l’essor des musiques électroniques n’a pas simplifié la tâche des observateurs.
Allions-nous oublier les expressions « Pop-Rock », ou « Folk-Rock » ? Dans les années 90 le renouveau du rock britannique (Blur, Oasis, Radiohead) donna lieu à l’expression « Britpop ».
Revenons donc à des fondamentaux (ou essayons !) La Pop joue davantage la carte des harmonies, notamment vocales, des mélodies plus raffinées, des orchestrations travaillées, fouillées, nourries, permettant d’ajouter aux guitares, batterie, et claviers (éventuellement), autant d’instruments plus rares dans les standards du rock : sections de cuivres, violons, quatuors classiques voire orchestres symphoniques, sans oublier les inévitables synthétiseurs, des premiers Mellotron ou Moog, puis leurs innombrables descendants numériques.
La Pop peut être nourrie de psychédélisme ou de romantisme. De poésie acidulée, au risque aussi de devenir sucrée, tournant parfois vers le mièvre ou la guimauve. De l’autre côté de l’Atlantique, ce mot « Pop » désigne également ces stars grand public que seraient des Britney « Ooops » Spears, Céline « Tellemaaant contaaante » Dion, Madonna et autres Lady Gaga. Il serait dommage que « Pop Music » redevienne un fourre-tout pour entasser tout ce que commet l’industrie du disque, par les temps qui courent ?
Au risque de crouler sous les contestations, avec ou sans horions, insultes, quolibets, je cadre mon propos dans le temps : des disques enregistrés entre les mid-sixties et le tout début des années 70. En ayant précisé que le dénommé Michael Jackson a beau avoir été intronisé « King Of Pop », il n’entre pas pour moi dans cette catégorie : Soul, RnB, Funky, tout ce qu’on voudra… Mais « Pop », désolé, mais ça ne me convient guère…
1 | Top de la Pop : Beach Boys, Pet Sounds |
On parle là d’un album révolutionnaire, né d’un choc émotionnel qui aura conduit le garçon de plage Brian Wilson aux portes de la folie, qu’il n’aura d’ailleurs pas hésité à franchir… Au départ, les Beach Boys sont rappelons-le un groupe avant tout vocal, orienté vers le surf-rock. Ca sent bon les vacances en Californie, au bord de l’eau. Les Beach Boys sont de bons garçons, hyper populaires, ils offrent un rock'n roll frais et joyeux. Les hits s’enchainent.
Mais la sortie de l’album Revolver des Beatles en 1966 bouscule tous les codes jusqu’alors en vigueur. Les Beatles cessent d’être le gentil « boys band » des premiers albums, pour foncer tête baissée dans une audace créative, largement inspirée par les substances interdites qu’ils ont découvertes avec l’ami Dylan. Et conduite de main de maître par leur producteur George Martin. Leurs textes prennent des tournures poétiques oniriques, parfois proche du délires. Les Beach Boys sous le choc vont tenter la surenchère. Brian Wilson veut faire mieux ? Il va y arriver. Si l’album Pet Sounds laissera dit-on le public américain dubitatif, il sera unanimement accueilli en Angleterre comme un pur miracle. Paul Mc Cartney considérera qu’il contient avec God Only Knows « La plus belle chanson jamais écrite ». Sans Pet Sounds, les Beatles ne seraient probablement pas allés aussi loin, l’année suivante, avec leur propre chef d’œuvre (voir ci après).
Sur Pet Sounds, les morceaux sont marqués par l’esthétique psychédélique en pleine éclosion. Plus de cinquante années plus tard, ils semblent intemporels. Quand les Beatles auront à leur tour répliqué avec « SPLHCB » Brian Wilson pris dans la tourmente du « toujours plus et mieux », sombrera de son propre aveu dans la démence : il s’enfermera dans un projet, « Smile », qui n’aboutira pas sous la forme espérée, et plongera son concepteur dans les affres de la drogue et de la paranoïa… Bref Pet Sounds n’est pas seulement un magnifique album. C’est définitivement un album historique.
Difficile de ne sélectionner que deux titres dans ce bouquet. Partant du principe que tout le monde, même les plus jeunes de nos ados, connait Good Vibrations, proposons ces deux-là : Sloop John B. et God Only Knows…
Le commentaire de Monsieur Plus : l’album a connu de nombreuses rééditions, dont un coffret en 4 CDs avec plein de bonus. Quant à l’album « Smile » a finalement vu le jour bien des années plus tard, mais les miracles n’ont pas lieu deux fois…
2 | Top de la Pop : Beatles, Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band |
L’album de tous les superlatifs. Celui qui épuise les adjectifs. Pour ne pas sombrer dans l’unanimisme, il arrive que des spécialistes osent l’idée que finalement, tout bien mesuré, Revolver serait meilleur que celui-là. D’autres choisissent d’aduler Abbey Road. D’aucuns préfèrent le « Double album Blanc » pour sa diversité… Et comme nous l’avons écrit dans un autre article, on peut en discuter jusqu’à la fin des temps : les goûts et couleurs appartenant à chacun.
Disons que pour sa dimension onirique, la poésie souvent surréaliste qui s’épanouit dans chaque morceau, pour la profusion de sons que promettait aussi cette géniale pochette multicolore ; pour le concept de l’album ; pour les costumes improbables ; pour l’enchainement miraculeux des titres, cet album sorti à la fin du printemps 1967 juste avant le Summer of Love, Sergeant Pepper’s restera tant que je vivrai, le plus grand album Pop-rock de tous les temps. L’incunable. L’indépassable. L’insurpassable.
Lucy in the Sky with Diamonds et She’s Leaving Home sont probablement les plus “pop” de tous les titres du disque. Un signé John, l’autre Paul.
Le commentaire de Monsieur Plus : pour fêter le cinquantième anniversaire de ce joyau, une version remixée par le fils du sorcier George Martin est parue en 2017. Elle a permis à tous ceux qui pensaient le connaître à la note près, de le redécouvrir. Le même, mais transcendé par la technologie… Et savourons aussi ce clip remonté, pour célébrer l’ultime plage du disque, A day in The Life.
3 | Top de la Pop : Pink Floyd, Dark side of the Moon |
Pour certains fans de Pink Floyd, cet album marque une bascule : le quatuor cesse d’être un grand groupe psychédélique pour initiés, pour accéder à une reconnaissance du grand public, notamment grâce au succès mondial du titre Money… Mais un peu du charme vénéneux s’évanouit… Ces fans-là auront parfois préféré les albums précédents, tels Ummagumma, Saucerful of Secrets, ou Atom Heart Mother (avec la célèbre couverture « à la vache »). Pour leur côté planant, transcendé par l’usage manifeste de substances diverses et variées.
Mais le temps a fait son œuvre. Dark Side mérite clairement son statut de référence pop. On peut être surpris de croiser des cuivres, aux côtés des inégalables claviers de Rick Wright, décédé voilà maintenant plus de dix ans. Mais si on évoque souvent Roger Waters (le bassiste) et David Gilmour (guitares) comme deux virtuoses, Rick Wright était à lui seul une invitation au voyage. Pour le coup, cette promenade vers la face cachée de la Lune était une vraie promesse. Je ne suis pas certain qu’il s’agisse du « meilleur album du Floyd », mais je crois qu’il s’agit du plus « pop ». Pour l’anecdote, c’est le troisième disque le plus vendu de tous les temps, resté plus de 19 ans dans les charts du Billboard…
Réécouter Brain Damage et le célébrissime Money.
Le commentaire de Monsieur Plus : Pour qui serait tenté d’approfondir la dimension psychédélique du groupe, se (re)plonger dans deux autres albums moins souvent cités : le premier, où figure le leader original Syd Barrett, qui bientôt s’en irait, on ne sait trop où, dans des délires intérieurs… Et la bande originale du film More, de Barbet Schroeder, qui peut apparaître un hymne aux drogues, mais n’est pas que cela.
4 | Top de la Pop : Serge Gainsbourg, The Initials BB |
Sorti en juin 1968, cet album de Gainsbourg contient au moins trois somptueux bijoux pop. Le titre éponyme, évidemment dédié à la dame Bardot avec qui il trinqua quelques temps. Le réjouissant Comic Strips (où contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’était pas Jane B. qui faisait la voix féminine, mais une chanteuse nommée Madeline Bell). Et la ballade de Bonnie & Clyde, où la voix est bien celle de B.B. Avec ce disque, Gainsbourg explosait. Bien sûr il avait déjà déroulé bien du câble. Écrit de sublimes chansons, pour d’autres et pour lui. Mais en cette fin des années 60, il devenait celui qui portait la pop music française au pinacle. Les groupes qui tentaient d’inventer une pop tricolore venaient souvent du jazz (Henri Texier de Total Issue, François Jeanneau de Triangle) et vite y retourneraient. Gainsbourg opéra comme peu d’autres sauraient le faire, la jonction entre l’expression française, audacieuse, jouissive, et la tonalité britannique que pourraient résumer mieux que nous ces quelques vers inauguraux :
Une nuit que j’étais / A me morfondre
Dans quelque pub anglais / Du cœur de Londres
Parcourant l’Amour Monstre de Pauwels / Me vint une vision
Dans l’eau de Seltz
Ce disque est le prélude aux deux albums concepts à venir (L’Histoire de Melody Nelson, L’homme à tête de chou). Il est celui par lequel ce déjà quadragénaire dame le pion à tous les musiciens plus jeunes imaginant une pop française AFFIRMEE (Martin Circus, Système Crapoutchik, Dynastie Crisis). Jacques Dutronc ayant lui choisi une voie plus « rock », ses premiers disques étaient enregistrés avec les Mods, un groupe où figurait avec d’autres Alain Chamfort… Et comme par hasard ces deux-là seraient plus tard amenés à bosser avec Le Beau Serge.
La seule chose qui n’est guère pop, dans cet album, serait sa pochette, étonnamment sobre si l’on considère la démesure des orchestrations.
The Initials BB et Comic Strip, avec une Bardot soudain brune ? Gainsbourg était sur notre sol le profanateur idéal de cette fin des sixties.
Le commentaire de Monsieur Plus : en fait ils étaient deux : car Léo Ferré aussi s’aventurait aux mêmes moments sur les voix de la pop, enregistrant avec le groupe Zoo l’immense album « La Solitude ». Avant d’exploser les compteurs, avec deux titres immenses : La The Nana et C’est Extra.
5 | Top de la Pop : Love, Forever changes |
Ce disque fait partie de ceux qui à leur sortie, n’ont pas rencontré un grand succès, mais se sont imposés au fil du temps comme indispensables. Il demeure toutefois, des sept ici proposés, le moins connu. Sorti en 1967, il s’agit du troisième album de ce groupe américain au nom magnifique, emmené par le guitariste chanteur et compositeur Albert Lee. Il exprime clairement son orientation psychédélique sur certains titres, mais d’autres sont marqués par des arpèges de guitares fines et travaillées, des nappes de violons installent des ambiances apaisantes, parfois propices à une douce méditation. Comme souvent, l’album a bénéficié d’une réédition comportant des inédits (chez Rhino Records). Les autres albums de Love sont sans doute moins aboutis, mais s’écoutent volontiers.
Deux titres à écouter, pour donner une envie de (re)découverte ? Maybe The People Would Be The Times or Between Clark And Hilldale et The Good Humor Man He Sees Everything Like This.
Notons qu'avec de tels noms à rallonge, le groupe ne recherchait pas la reconnaissance du public de façon exagérée...
Mais vous savez quoi ? Mettre un ou deux morceaux de ce disque donne immédiatement envie de l’écouter en entier. Il est addictif, et recèle de bien belles surprises.
Le commentaire de Monsieur Plus : un autre disque pop mythique et pourtant ignoré à sa sortie ? Allez vers les Kinks, et leur fameux The Village Green Preservation Society. Ray Davies, et son frère signaient là un monument qui passa totalement inaperçu… Et pourtant, quel disque !
6 | Top de la Pop : David Bowie, The Rise and Fall of Ziggy Stardust |
Quand David Bowie sort cet album, en 1972, il a déjà une vraie carrière derrière lui, mais sa renommée n’a pas encore traversé la Manche. Ses premières tentatives (Space Oddity, The Man Who Sold The World, et même Hunky Dory) ne sont pas encore distribuées en France, on a du mal à les trouver sinon en import. Cet album va tout changer : son titre exact, The Rise and Fall of Ziggy Stardust and The Spiders from March (« Ascension et Chute de Ziggy Poussière d’étoile et les Araignées venues de Mars ») va devenir l’icône du “glam”, la référence absolue de la pop anglaise de ce début des seventies. Avec le premier album de Roxy Music.
Si le précédent disque Hunky Dory présentait un Bowie à l’identité ambiguë (posant en robe sur une des pochettes), Ziggy devient ce genre d’extraterrestre dont les parents se demandaient si c’était « un gars ou une fille » qui chantait. Accompagné de son inséparable guitariste de l’époque, Mike Ronson, authentique guitar-héro, du batteur Woody Woodmansey au son mat si particulier, et du bassiste Trevor Bolder, qui avait peu avant remplacé Tony Visconti, reconverti en producteur, ces Araignées martiennes signaient le premier manifeste androgyne pop. On approche peu à peu de son cinquantième anniversaire (mince, j’ai failli écrire « quarantième ». S’il n’est pas interdit d’y voir le premier chef-d’œuvre des années 70, on peut aussi espérer une énième réédition luxueuse en 2022. Les services marketing ne s’arrêtent jamais.
Ecouter Five Years et Rock'n Roll Suicide.
Le commentaire de Monsieur Plus : De cette période Glam de Bowie, on a coutume de citer l’album Alladin Sane, le suivant comme autre album emblématique. Mais on oublie trop souvent Pin-Ups, constitué de hits des années 60 revisités façon Glam-Bowie.
7 | Top de la Pop : Simon & Garfunkel, Bridge over Troubled Water |
Avant Paul Simon et Art Garfunkel, il y avait les Everly Brothers, duo de voix magistrales de la fin des années 50 , inspirateurs évidents des Beatles ou des Beach Boys… Sans oublier leurs héritiers naturels, donc, Simon & Garfunkel, qui reprendront à leur répertoire un des grands succès de leurs aînés, Bye Bye Love. De Paul Simon et de son acolyte, on se souvient de l’inoubliable B.O. de l’inoubliable « Lauréat » qui fit découvrir l’immense Dustin Hoffman (aussi immense que petit de taille). Très influencés dans leurs premiers disques par les styles folk et country, ils proposent ici un feu d’artifice, pour ce qui reste tout à la fois : leur plus grand succès commercial ; leur album le plus varié, prenant des chemins moins balisés, gospel, musique sud-américaine (El Condor Pasa), reggae ; et l’album qui finalement mettrait fin au duo, les tensions entre les deux s’étant accumulées autant que les royalties phénoménales du disque, plus grand succès des années 70 71 et 72.
Par la suite, les deux complices se seront reformés, refâchés, reformés. Paul Simon connaitra en solo une reconnaissance bien plus forte que Garfunkel… On pourrait, si l’on osait, risquer que cet album demeure le chant du cygne de la « pure pop », même si Dark Side est sorti plus tard. Parfois dénigré par des rockers qui le trouvaient un peu trop « guimauve », il demeure un passage obligé.
Vous reprendrez bien un peu de Cecilia et Bridge Over troubled Water ?
Le commentaire de Monsieur Plus : Deux réjouissants morceaux des membres du duo en solitaire ?
De Paul Simon « seul », ou presque dans l’hilarant clip où Chevy Chase l’empêche d’en placer une : You can call me Al. Et de Art Garfunkel, cette version pour le moins inattendue du fameux Always look on The Bright Side of Life, des monumentaux Monty Pythons ( générique de fin de Life of Brian).
Finalement, et sans céder à millimètre à la tentation nostalgique, tous ces albums qui ont passé les cinquante ans d’âge, comme les meilleurs Whiskys ou Portos, semblent tous avoir vieilli à merveille. Ouais… On se console comme on peut, hein…
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