7 rockers increvables
Keith, Bruce, Paul, Patti, Neil, Bob, Chuck... Ils nous enterreront tous !
… Bowie disparait en janvier. Glenn Frey, guitariste et chanteur des Eagles, le suit de peu. Par surprise, voilà Prince qui succombe, et sans prévenir, à l’une de ces neiges d’avril qui nous arrive parfois. C’est ainsi : 2016 a choisi d’être cruelle au vieux fan de rock. Qu’on me pardonne, songer qu’Elton John et Rick Davies (chanteur de Supertramp) sont toujours là demeure une piètre consolation… Mais continuons d’espérer, restent tout de même quelques authentiques icônes, pour nous faire croire encore à l’immortalité.
1 | Sir Paul McCartney, live and don't let die |
Paul McCartney passera par Paris le 30 mai. Les oreilles attentives ont noté ces dernières années qu’il peine un peu dans les aigus. Mais l’énergie reste entière. Les tueurs qui l’accompagnent sont juste éblouissants. Et oui, ils vous font la totale, Let It Be, Hey Jude, Live and Let Die, Band on The Run... L’espace de trois heures, vous voilà propulsé dans la machine à remonter le temps. Prévoir son parachute ; et le stock de kleenex pour les plus romantiques… Vivre et laisser et mourir. La formule tourne ces jours-ci au message philosophique…
2 | Neil Young, never old |
Neil Young a lui aussi passé la barre cruelle des 70. Il continue d’aligner des albums irréprochables, avec une créativité intacte, peu commune à cet âge vénérable. Ces derniers temps, il reprend même les armes, balance des scuds contre Monsanto, soutenu par une bande de gandins à l’esprit grunge en diable. On vérifiera en juin qu’il a peut-être déposé le philtre de l’éternelle jeunesse. Et que contrairement à Keith Richards, il manie toujours sa six cordes en virtuose. L’arthrite à soixante et plus, il n’est pas client.
3 | Bruce Springsteen is still the Boss |
Le boss ne lâche pas l’affaire. A côté des précédents, il a tout d’un gamin. Mais 65 au compteur cette année, quand même… Le E.Street Band revisite ces temps-ci la période The River (début des années 80), le public feint d’être dupe. Si les concerts durent toujours aussi longtemps, c’est surtout que Bruce Springsteen, chafouin, rallonge le final des chansons. Mais ce n’est que détail. Quand tu es né pour courir, tu cours. Et le Diable peut s’accrocher pour te rattraper. Les 11 et 13 juillet, l’Accor Arena devrait vibrer en mode unanime quand le public beuglera que oui, aujourd’hui comme hier, Everybody’s got a hungry heart…
4 | Patti Smith, gone again |
Inégalable sorcière. Eblouissante, solaire, mon Arletty du rock, si l’on me pardonne l’improbable comparaison. Sort ces jours-ci M Train, deuxième tome de Mémoires qui ont l’élégance de ne pas se proposer comme telles. Madame Smith a secoué l’an dernier l’Olympia, qui n’en espérait pas tant. « Même quand je pars en coulisses couler un bronze, c’est du Rock n’Roll, bébé » rétorquait-elle à un crétin qui braillait ce mot Rock en mode hooligan attardé. On ne l’a plus entendu de la soirée.
5 | Keith Richards, happy ! |
Keith Richards. Et ses acolytes, bien évidemment. Les Stones continuent de défier Dieu, le Diable et tous leurs saints. Seuls les cafards et Keith Richards survivraient à l’apocalypse nucléaire, proclame une antique prophétie. Le plus flamboyant des junkies survivants se lance dans l’écriture de livres pour enfants, et si les doigts sont moins agiles sur le manche, la voix est devenue tout à fait acceptable, comme l’a prouvé son dernier album solo, assurément le meilleur qu’il ait jamais sorti.
6 | Roll over Chuck Berry |
Le père spirituel de Keith Richards, leur père à tous, tient toujours debout à bientôt 90 ans. Il y a longtemps que Chuck Berry a laissé tomber la scène. Une vieille légende lui prêtait des goûts culinaires assez particuliers, rayon scatophage. Si telle est la recette de sa longévité, on conçoit que tout le monde ne soit pas tenté par l’idée. Qu’en disent Iggy Pop, Robert Plant, Dr John, Eric Clapton, Stevie Winwood, Rod Stewart, Paul Simon, Brian Wilson, autres héros rescapés des sixties que nous eussions pu citer aussi ?
Mise à jour : ce 18 mars 2017, le doyen des rockers vient de nous quitter quelque temps après avoir annoncé la sortie d'un nouvel album...
7 | Dylan hasn't changed |
Robert Zimmerman. On ne plaisante plus, là. Personne n’a résumé, mieux que le chanteur suisse Sarcloret, l’ignoble épée de Damoclès : « Le jour où on va nous dire, c’est fini… Dylan est plus là. Je vois bien ce qu’ils vont pouvoir écrire, dans Télérama ». L’auteur de ces lignes prie chaque jour pour partir avant que son monde s’effondre définitivement. Mais quelques 20 années le séparent du mythe Rimbaldien...
Pour l’heure, Bob Dylan sort dans quelques semaines, -et pile pour son 75ème anniversaire-, un nouvel album consacré (comme le précédent) au « song book », ces classiques du jazz qu’enregistraient avant lui Sinatra et Billie Holiday. Les premières écoutes laissent augurer d’une tonalité plus légère, moins sombre. Peut-être qu’au bout du compte, 2016 passera l’été… Les choses ont changé, certes… Mais tant que Dylan is Dylan, on peut continuer d’espérer.
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