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7 merveilles du ROCK des années 2000

Recommander Par Hervé Resse 28 juillet 2019

7 merveilles du ROCK des années 2000

White Stripes

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Les années 2000 ont permis l’éclosion d’une nouvelle génération prolifique de rockers … À côté des valeurs reconnues, des institutions, retour sur quelques apparitions salutaires à l’aube de ce damné nouveau millénaire …

On pourrait, sur ces années 2000, se contenter d’assurer. En plumitif un rien paresseux, réviser la discographie des nombreux dinosaures qui ont occupé la période avec de sacrés beaux albums. Ca vaudrait un article à soi seul : tous ces vieux qui ne veulent pas raccrocher, pas encore... Springsteen, Johnny Cash, Neil Young évidemment, Paul McCartney bien entendu, Bob Dylan sans hésitation aucune, Robert Plant (régénéré), Patti Smith (retrouvée, si tant est qu’on l’eût jamais perdue), Eric Clapton, Johnny Winter, J.J. Cale, tous trois revenant aux racines du blues… Et David Gilmour ! prolongeant avec son compère Rick Wright la saga Pink Floyd avec des albums publics époustouflants…

Tous ces noms qui sont l’histoire du rock depuis les sixties ont TOUS pondu durant cette période de vraies réussites. Mais à ce compte-là, la place aux jeunes, dîtes ! ce serait pour quand ? Voilà. Ils arrivent, ils sont là. À la fin du siècle dernier ils n’étaient au mieux que des promesses. La nouvelle Ère allait être la leur.

1 Merveilles Rock du Millénaire : White Blood Cells de White Stripes

Inutile de tergiverser, la décennie 2000 demeure sans contexte celle de Jack White (De même que la suivante, mais n’anticipons pas). Déjà, un duo batterie guitare, cela n’avait jusqu’aux White Stripes, jamais été tenté, je veux dire, un peu sérieusement. Puis autant le dire, les femmes batteuses, dans le rock n’ont pas été légion, il y avait bien jadis ce groupe de filles, les Runaways, ou celles nommées Birtha, dont le slogan disait « Birtha has balls ». Qu’il en aille ou non de même avec Meg White, reconnaissons qu’elle cogne ses fûts comme si ça pouvait freiner l’apocalypse. Quant à celui qui se présentait comme son frère (en réalité son mari, un temps), il triturait ses guitares comme un possédé du démon. Le duo avouant entre autres vices une passion pour les vieux disques de blues des années 40, et assurant par ailleurs une identité visuelle impeccable à base de rouge vif et de blanc, se fit repérer de suite, d’autant que ses passages sur scène étaient de ceux qu’on n’oublie pas. 

Fallait-il appeler ça « trash blues » ? « punky américana » ? « metal folk » ? Arrive un moment où mieux vaut laisser tomber les étiquettes ; prendre le duo pour ce qu’il était, porteur d’un style parfaitement inédit à base de gimmicks parfaitement éprouvés. Cet album-là est leur troisième, et avec eux pas de demi-mesure : soit on aime et on veut avoir tout (un peu le syndrome Ramones), soit on déteste. À moins qu’on ne fasse partie de ce sous-groupe inattendu, mais désormais réel au-delà de toute raison, celui des accros au fameux « Seven Nation Army » devenu sur toute la surface du globe cri de ralliement des supporters de tous sports, de tous clubs, et de tous pays. Reprenez avec moi : O ! O o O oOOOO o ! O ! et ce ad libitum. À ce détail près, qu’il serait d’ailleurs injuste de leur reprocher, le morceau était destiné à devenir un hit, qu’il en soit venu à cette seconde vie n’est qu’un épiphénomène fâcheux. Précisons qu’il ne figure pas sur le présent album, mais que concluons que les White Stripes demeurent pour l’éternité un des plus gros sons jamais sorti des tuyaux, depuis ce grand malade de Thomas Alva Edison, inventeur comme on sait du phonographe.

2 Merveilles Rock du Millénaire : Is This it de The Strokes

Si l’on a bien tout suivi, les Strokes, bien qu’issus de New York, seraient aux Converse All Stars près, l’exacte symétrie des Ramones, mômes des bas quartiers du Queens, arrivés à Manhattan à la force du poignet de Johnny, le Riffeur Ultime. Nous aurions ici affaire à des jeunes gens de bonnes familles, amis depuis l’enfance, l’un d’eux rencontre un autre dans un établissement huppé de Suisse, puis le croisera à Manhattan, et tiens j’ai monté un groupe de rock voudrais-tu te joindre à nous ? L’affaire ne ferait pas même un entrefilet dans un fanzine local, si ces cinq gandins n’avaient écouté, de façon aussi manifeste qu’avouée, quelques aînés parmi les plus recommandables, précisément parce qu’infréquentables : le Velvet Underground de Lou Reed et John Cale est l’inspiration manifeste de ce premier disque. On y entend aussi des références à Television, héros de la scène punk même si eux ne l’étaient pas plus que cela. On peut largement trouver pire au chapitre des influences. Encore que dans de tels cas, le risque du plagiat parfois menace. 

Rien de tel ici. Les compositions sont solides, la voix de Julian Casablancas est sacrément posée, même si enregistrée dans une ambiance sonnant très underground, dépenaillée. Nick Valensi et Albert Hammond Jr s’entendent comme larrons en foire (expression désuète ici parfaitement assumée) aux guitares, de sorte qu’on tient là un des meilleurs premiers albums de la période, qui saura se distinguer du nombre, bien que les premiers bons disques fussent alors singulièrement nombreux. 

Par la suite, la magie de ce premier essai ne sera jamais totalement retrouvée. C’est du moins mon avis, et je le partage ; Le groupe conservera son public et son aura, mais l’essentiel de ce qu’il avait à proposer ce trouve ici. Et faîtes confiance, ça vaut le détour. Albert Hammond Jr a depuis exercé ses talents en solo. Et voilà deux ans que les Strokes annoncent un retour aux affaires, tout en affirmant « prendre leur temps ». On ne saurait mieux dire, effectivement. Mais avec ce « Is This it », pas d’hésitation : bonne pioche !

3 Merveilles Rock du Millénaire : Back to black d'Amy Winehouse

Déjà évoquée ici, pour son aimable participation à la malédiction des 27. Penchons-nous de nouveau sur The cas Winehouse. Dans une période où fleurissaient partout les télés crochets, il arrivait que sorte du lot quelques authentiques talents (souvenons-nous de Joss Stone, un peu criarde parfois, mais capable à peine sortie du nid, de tenir le duo avec sa Majesté James Brown. Avec Amy, on est dans un autre registre, c’est dans un orchestre de jazz qu’elle fait ses premières armes, et c’est une évidence, elle a tout en elle : le blues, le swing, le soul, le phrasé, une voix de noire dans un corps de blanche. On croit pertinent d’évoquer à son propos Ella Fitzgerald, cela n’a pourtant pas grand-chose à voir. L’écoute de son premier album suscitera aussi maints rapprochements avec Janis J., l’inégalable. Difficile de ne pas rattacher les stars du présent à quelques idoles évanouies.

Pourtant il y a un détail de taille : là où Dame Joplin se faisait accompagner par des musiciens rock, fortement imbibés de psychédélisme, Amy s’entoure de musiciens délibérément tournés vers le rythm'n blues. Le vrai : celui des années 60. Et dans ce qui restera son sommet, ce second album, elle replace au-devant de la scène les sonorités des disques Stax ou Atlantic. [Ah, cette série des disques « Formidable Rythm n’Blues », une face rapide, l’autre lente, avec les morceaux des plus belles voix noires qui s’enchaînaient à merveille]. Sur ce second opus, Amy s’offre aussi des escapades vers des ambiances ska ou reggae (comme dans le morceau Just Friends). Le disque est un carton mondial, tous les morceaux ou presque sortent en singles, cette anglaise s’impose aux USA, croule sous les récompenses, Grammy ceci, Awards cela. 

Mais on sait que la reconnaissance ne suffit jamais totalement à ces artistes qui enfants auront été parfois bercés trop près du mur. Difficulté d’être, boulimie, alcool, drogue, auront comme on sait le dernier mot. Reste ce disque, qui dix années plus tard, prend place, sans doute aucun, aux côtés des meilleurs albums de Tina, Aretha, Diana. Mes frères et mes sœurs, haïssons ensemble tous les produits qui ensemble ont détruit ce joyau. Et qu’on ne vienne pas me dire que sans les produits en question, elle n’aurait pas exprimé le même talent. En l’espèce, cet argument semble totalement irrecevable. Amy Winehouse, pur joyau vocal, transmettait au moins le temps de ses chansons, une incroyable pulsion de vie. Elle parvient encore à transmettre aujourd’hui. L’histoire humaine ? Un terrible gâchis. Reste alors le disque. En attendant l’inévitable biopic, queue de comète de toute bonne saga passée à la moulinette marketing.

4 Merveilles Rock du Millénaire : Up The Bracket des Libertines

On aurait aimé vous parler également des Paddingtons, des Palma Violets, des Louis XIV, des Fratellis, tous groupes ayant porté fièrement le glaive d’un rock anglais « rough », dur, mais élégants, dans le sillage de ces quatre Libertines. « Mais si la loi est dure, c’est la Loi ». 7 est le nombre de la perfection, et une fois de plus, citons André Gide : « choisir, c’est renoncer ». Il a aussi dit « Familles, je vous hais », mais ça n’a rien à voir avec le sujet du jour.

Alors pourquoi ceux-là plus qu’un autre ? PAAAARCE QUE !!! Parce que le duo Carl Barat & Pete Doherty en évoque forcément d’autres, au moins potentiellement. Jagger & Richards, Lennon & McCartney, Page & Plant, tous ces binômes qui se grandissent mutuellement et qui ensemble offrent davantage, et autre chose, que la somme de leurs capacités individuelles. Et puis cet album fondateur était produit par Mick Jones, première guitare chez The Clash, alors reconverti aux manettes, quasi chauve et plus élégant qu’un magnat rôdant dans le quartier Mayfair, mais n’ayant rien renié des grandes lois du genre. Ce qu’on appellerait ici « post-punk » ? Si vous voulez.

Mais qu’ouis-je ? Barat et Doherty n’arriveraient pas à la cheville des autres duos cités précédemment ? Personne ne dit le contraire, grands dieux ! D’abord parce que Doherty est incontrôlable, et d’ailleurs incontrôlé. Carl Barat a sans doute bien du mérite à s’être réconcilié avec celui qui, entre autres facéties, l’avait cambriolé pour s’acheter ses doses. Mais ce côté barzingue se transforme avec eux en art de composer et d’exécuter les morceaux. Il y a chez les Libertines cette permanente impression qu’ils vont basculer d’un côté ou de l’autre du vide. Tout en demeurant, fragiles, chaotiques, mais debout, en équilibre sur leur fil. C’est ce côté bancal, l’idée qu’ils pourraient ensemble devenir monstrueux alors qu’ils n’y parviennent jamais totalement, qui les rend attachants et uniques. 

Écoutez Time For Heroes, Up The Bracket (le morceau), Horror Show. Je vous mets au défi de rester insensibles à ce magnifique bordel guitaristique. Le monde manque de fêlés comme Pete D. « Gloire aux fêlés, ce sont eux qui laissent passer la lumière ». Pour info il vient de sortir un album avec son « autre » groupe les Puta Madres. Et les Libertines repasseront tôt ou tard par Paris, France. Qui ne les a pas entendus chanter la Marseillaise (après les attentats de 2015) a manqué un bel épisode de la grande histoire du surréalisme. Inoubliable.

5 Merveilles Rock du Millénaire : Music for Men de Gossip

Gossip, c’est d’abord et avant tout, l’incroyable personnalité de sa chanteuse Beth Ditto. Pourquoi « incroyable » ? Parce qu’elle est grosse ? Tu serais pas grossophobe, toua ? Ou parce qu’elle est lesbi ? Homophobie ! Bon un peu tout ça… Tu n’arranges pas ton cas ! Non en fait je voulais surtout, voilà, évoquer sa grosse voix, je veux dire, grande voix. Son énergie, énorme. Enfin disons, considérable. Ses déclarations provocantes, ou plutôt rafraichissantes, puisque clamant le droit à vivre pleinement sa (ou ses) différence (s). Bon stoppons-là la séance funambule entre correction et incorrection. Ce trio choisissait (où le batteur est une batteuse, comme quoi il n’y avait pas que White Stripes, voir plus haut) d’appeler « Musique pour les hommes » un album dédié à toutes les formes de l’amour. Disque produit par Rick Rubin, chef cuistot 3 étoiles dans le rap et le métal, fondateur du légendaire label Def Jam, ordonnateur en chef des six sublimes derniers albums de Johnny Cash (la série American Recordings).

Il y avait là de quoi fournir un album majeur. Mais vous savez comme sont parfois les rock critiques : aussi prompts à dézinguer ce jour ce qu’ils vénéraient deux mois plus tôt. Ou au contraire à s’extasier contre toute raison pour des albums sans grand relief… L’essentiel étant que tout le monde ne dise pas pareil, sinon ça vaut pas. 

Ainsi, surfant sur ce que disait la presse de ce Music for Men, je note que Télérama disait bof, alors que les Inrocks juraient que Yes ! A vous, mesdames, messieurs de vous faire votre propre idée. Vous voulez la mienne ? Dix ans plus tard, cet album demeure un damné bon disque, tantôt lapidaire et punk, tantôt pop, voire raffiné. Sur le lien play list ci-dessus proposé, tous les titres sont accessibles SAUF le méga hit mondial Heavy Cross, qu’on peut récupérer ailleurs, et qui devint bande originale d’une pub pour parfum, ne me demandez pas lequel, mais Luxe tout de même. Depuis Gossip s’est séparé. Dame Ditto aura n’en doutons pas d’autres occasions d’exprimer toute son exubérance, entre elle et Allison Moyet, autre plantureuse anglaise des années 80, franchement, y a pas photo… à tous les niveaux.

6 Merveilles Rock du Millénaire : Broken Boy Soldiers des Raconteurs

Où l’on retrouve le déjà salué Jack White, en mode hyperactif, acoquiné à ce chanteur indépendant nommé Brendan Benson, avec qui il lui arrive d’échanger des riffs, des idées, voire de composer des morceaux. Notamment un, nommé « Steady as she goes » qui leur donnera l’envie de pousser plus loin le bouchon. Entourés d’amis musiciens du groupe The Dead Weathers, ces lascars montent un groupe parallèle à leurs activités, un genre de « supergroupe » à temps partiel, qu’ils baptisent Raconteurs. Cela rajeunit les anciens, qui avaient appris le sens du nom « supergroupe » avec Cream ou Blind Faith, quand des membres de différents groupes connus en créaient un nouveau.

Les Raconteurs produiront deux albums ensemble, puis repartiront à leurs affaires. Mais celui-ci ne contient pas que le magnifique et très connu Steady as she goes déjà cité. Un tas d’autres morceaux flamboyants fond de cet album un appel aux dons de superlatifs. A la même période, existera un autre supergroupe nommé Them Crooked Vultures agrégeant aux côtés de John Paul Jones bassiste de Led Zeppelin, deux des lascars cités juste en dessous. Les supergroupes ne durent jamais longtemps. Parfois ils enregistrent de grands disques, et le premier des Raconteurs fait partie de ceux-là… Et croyez-le ? Les Raconteurs font la couv’ du dernier Rock & Folk de cet été 2019. Un nouveau disque est sorti. Jack White est bien le seul Super Héros Rock capable de réconcilier les Sexagénaires refusant de dételer, et leurs petits-enfants pas encore lobotomisés par le concours de l’Eurovision.

7 Merveilles Rock du Millénaire : Song for The Deaf de Queens of the Stpone Age

QOTSA ? Queens of The Stone Age, pour être précis. Les Reines de l’Âge de Pierre, n’est-ce point délicieux ? Avouons d’emblée que choisir entre ce groupe et les Kings of Leon ne fut pas simple. Puis, la première décision prise, fallait-il privilégier « Era Vulgaris » ou ce « Song for The Deaf », chanson pour les sourds… Rien d’évident. On a choisi cet album pour son côté « zarbi », chaque morceau entrecoupé de sonorités radios captées sur des FM locales, et qui réunis composent une étrange virée au cœur de l’Amérique passant par le désert de Mojave. 

Queens of The Stone Age est depuis l’origine un groupe à géométrie variable. Conduit par Josh Homme (leader par ailleurs des Eagles of Death Metal, à jamais parisiens depuis certain concert de Novembre 2015, au Ba-Ta-Clan). On a pu y croiser aussi le plus sombre Mark Lonegan, interprète et song-writer qui mériterait plus d’attention. Sur cet album-ci, figure aussi Dave Grohl, ex Nirvana, et leader des Foo Fighters. Le disque a été reconnu comme un des plus originaux de l’histoire, catégorie « hard rock » ou « metal ». C’est vraiment histoire de dire que les étiquettes évitent les grands discours. Idéal pour une play list en mode aléatoire (random, si vous préférez).

8 Merveilles Rock du Millénaire : Hot Rail de Calexico en BONUS !!!

Un petit bonus, pour la route ? Calexico est un de ces nombreux groupes indépendants, des seconds couteaux et le mot n’a ici rien de péjoratif, c’est leur style et cela fait un bail qu’ils s’y entendent, les bougres. Ce folk rock enregistré au sud des US (ils sont natifs d’Arizona) offre parfois des sonorités inattendues, mariant folk classique et mariachi, jazz ou rock, dans des proportions surprenantes et délicieuses. Calexico est unique, il faudrait inventer à leur gloire un cocktail qui porterait leur nom, on y mêlerait mescal, téquila, et whiskey made in Tennessee.

Je ne sais si ce serait buvable. En tous cas leur style si varié qu’il soit est hautement digne d’intérêt. Si vous ne devez écouter qu’un seul de leurs nombreux disques, prenez celui-ci. Une autre façon de faire du rock, à l’écart des pipolisations du monde, et des médias. Ils me rappellent pour cela J.J. Cale, qui faisait son truc sur sa terrasse, tranquille, à l’abri de toute pression. Calexico est un groupe à écouter sur les highways, la clim à donf’, et comme disait Alphonse, ces jours où le temps daigne un peu suspendre son vol…Intemporel. Ca n’a pas de prix !

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