7 PODCASTS pas morbides sur la MORT
Pour apprivoiser un deuil, pour comprendre ce qui arrive à quelqu’un qu’on aime qui a perdu quelqu’un qu’il aime, pour se souvenir d’une belle personne, pour écouter des belles histoires, pour se mettre en condition avant la Toussaint, pour rire et pleurer de temps en temps - et parfois en même temps - pour explorer des rituels exotiques et découvrir des métiers étranges, pour se préparer à mourir en profitant de la vie… écoutez ces podcasts très vivants sur la mort.
Il faut que je vous fasse une confession messieurs, dames et moizelles : la mort, j’adore. Pas passke j’ai envie de la vivre, ni que je la souhaite à quiconque. Non, non, du tout, je croise les doigts et je touche du bois pour que ça n’arrive pas. En fait, ce que j’adore, c’est le concept, l’idée, la symbolique, tu vois. J’aime imaginer la fin du voyage sans savoir ce qu’il y a après la dernière page. Tant qu’on l’a pas vécue, quoi qu’en disent les croyants et les athées. C’est le mystère maousse.
Mais attention, rien de glauque dans cette passion. C’est juste un entrainement, une mise en condition. Car tu sais quoi, la faucheuse se fiche de tes plans prévisionnels. Elle est prête à te croquer tout cru tout le temps. Alors, fais comme moi, dévore la vie et prépare ta mort.
Pour ça, il y a les œuvres complètes de Sénèque à déguster tous les soirs, les directives anticipées à remplir avant trop tard, les six épisodes du « Dernier mot » à binge watcher en une nuit et…. des palanquées de podcasts.
Car la mort est un des thèmes les plus récurrents dans mon format audio préféré. OK, loin derrière les collections sur le féminisme, le sport, le cul, les startups, les mamans, les écrivains en herbe, les faits div et j’en passe : y a des podcasts sur tout maintenant même les chiens d’aveugles, le mariage éco-responsable ou les startups du cul. Mais s’il y a une thématique qui s’épanouit particulièrement dans le format qui murmure à mon oreille, c’est bien la mort.
La mort en vidéo, je la sens moins, ça me met mal à l’aise. C’est un truc intime, la mort. Celle des autres comme la sienne, on a envie de l’écouter sans la voir.
Et j’en ai écouté plein. Voici mes 7 préférés.
1 | Podcast sur la Mort : Mortel |
A toute saigneure, toute honneure. Je dis ça parce que l’auteure de ce podcast, autrice par ailleurs (t’as vu comme je maîtrise l’inclusif à tous les étages quand je veux) du Grand mystère des règles : pour en finir avec un tabou vieux comme le monde, est aussi très connute dans le milieu gore sous le nom de Jack Parker. Elle adore les sorcières, les films de genre sanguinolents et a même crée un jeu, Scary party, sur le thème : « Survirais-tu à un film d’horreur ? ».
Toutes ces œuvres sympathiques, elle les signe donc sous le pseudo Jack Parker. Mais son vrai nom, est beau comme un pseudo, c’est Taous Merakchi. Et c’est avec son nom d’état civil qu’elle a conçu cette œuvre plus perso, un podcast sur la mort qui commence par la disparition de son père.
Mortel, c’est donc une histoire intime qui devient universelle. Elle interroge tous les praticiens et spécialistes de la mort : un toubib en soins palliatifs, une thanatopractrice, une taxidermiste , un croque mort, des psy, une philosophe, un imams, une bonne sœur, un boudhiste et même un spécialiste des zombies.
A chaque fois, Taous Merrakchi fait des aller-retours entre son histoire personnelle et la grande Histoire. Comme souvent dans les podcasts, tu me diras. Mais c’est bien ce qui fait la force de ce mode d’expression, une expérience un peu gonzo pour s’identifier à l’auteur et une ouverture d’esprit pour en apprendre un maximum sans s’ennuyer.
Au final, Mortel est devenu une petite encyclopédie sonore de la mort. Et même un livre pour remonter le styx en tournant les pages. La citation culte du podcast : « À vous qui vous apprêtez à écouter "Mortel", ce podcast aborde des sujets sensibles relatifs à la mort. Assurez-vous d'être dans de bonnes conditions pour l'écouter ».
Où écouter Mortel ? Chez Nouvelles Ecoutes par exemple.
2 | Podcast sur la Mort : Traverse |
Maïa Mazaurette, c’est quasi ma journaliste préférée. Chacune de ses chroniques dans le Monde, aborde avec talent, humour et bienveillance, le sujet qui m’intéresse le plus en dehors de la mort : l’amour.
D’ailleurs t’as remarqué que mon demi nom à moi, Ammor, c’est quand même un peu la mort en phonétique et l’amour en rital. Donc Maïa et moi, on a beaucoup de points communs à commencer par des dieux tutélaires qui fricotent ensemble depuis des lustres : Eros et Thanatos.
Experte en zezettes et en zigounettes, Mazaurette sait aussi parler de la mort avec une voix sensuelle qui fait frémir ma moustache. Dans Traverse, elle raconte l’histoire cruelle de la mort de son amoureux danois avec un tact rare. Maïa évoque l’accident, vomit la bureaucratie idiote, raconte le rapatriement du corps vers le Danemark (avec les fleurs interdites dans l’avion), révèle la nuit qu’elle a passé dans la crypte avec le corps et décrit enfin la crémation avec un réalisme sidérant…
Cette traversée m’a transpercé. Mais ça fait même pas mal. Traverse est une belle histoire qui se finit bien. Vraiment. Si la mort te fait peur, commence par ce podcast, conseil d’ancien trouillard.
La citation culte du podcast : « L’histoire que je vais vous raconter n’est pas une histoire triste ».
Où écouter Traverse ? Chez Radio France.
3 | Podcast sur la Mort : A la vie, à la mort ! |
Il y a une vie avant la mort. Il y a des gens dont les vies sont des romans. Et quand ils meurent, tu n’as pas envie que leur souvenir s’évapore. Tu ne veux pas qu’ils meurent deux fois, quoi. C’est un peu l’idée de de ce podcast qui explore « la vie extraordinaire des morts ordinaires racontés par celles et ceux qui les ont aimés, à la vie, à la mort ».
Dans la première saison, Nathalie raconte la vie et la mort de son « amie prodigieuse » Goucem qui a fui l’Algérie en pleine guerre civile avec ses deux filles pour se réfugier en France. Goucem meurt dans un accident de voiture « à la con » mais son aura est telle qu’en écoutant sa vie, t’as envie de la connaître, de devenir pote avec elle et d’aller manger un couscous dans son restaurant de la rive droite à Bordeaux.
Le destin de Goucem est tragique mais Nathalie le raconte sans jamais sombrer dans le pathos. C’est fluide, drôle et vivant. Il faut dire que Nathalie anime aussi des ateliers sur le deuil à la coopérative funéraire Syprès dont les cafés mortelsont inspiré le podcast.
Bon, même si la série ne joue pas sur des ressorts mélodramatiques, ça ne m’a pas empêché d’écraser une petite larme au dernier épisode…
Tu me diras que je suis pas super objectif #AlavierAlamort est l’œuvre de mon maître et mentor, Eric Le Braz, sans qui je ne serai rien. Ce qui ne m’empêche pas d’être en désaccord avec lui sur des sujets essentiels.
Mais, en attendant la seconde saison programmée pour l’automne 2021, t’as qu’à écouter le podcast pour te faire une idée. Tu verras, c’est pas glauque, y a du sound design, un jingle du tonnerre, un univers particulier dans chaque épisode. Et une leçon toute conne qui me plait bien comme devise, en conclusion de chaque épisode.
La citation culte du podcast : « La vie est belle, alors profitez de la vie ».
Où écouter A la vie, à la mort ? Sur la plateforme Ausha par exemple.
4 | Podcast sur la Mort : Sans Toi |
Il y a y une catégorie d’endeuillés – ce mot est atroce, j’essaye d’en trouver un autre, attend… non, grrr, y a rien dans synonymo - donc il y a une catégorie de vivants qui survivent aux morts et c’est une catégorie bien particulière, dont finalement on parle peu. Celle des orphelins.
Orphelin, c’est déjà un mot bien plus joli qu’endeuillé, même si ceux qui le sont, n’aiment pas trop qu’on les appelle comme ça. Mais orphelin, on finit, normalement, tous par y passer. C’est dans l’ordre des choses comme ils disent les gens, aux enterrements.
Ce qui est moins banal, c’est de le devenir enfant ou pré-ado. Et pourtant, j’ai appris en écoutant Sans toi, qu’il y a une orpheline ou un orphelin par classe à l’école.
Sarah Dumont qui a, tiens elle aussi, déjà fréquenté 7x7 entre Eros et Thanatos, est surtout la fondatrice de Happy End, le site qui nous invite « à vivre en paix avec la mort ». Elle a eu l’idée d’interroger dans le podcast Sans Toi, des orphelins devenus célèbres pour lever ce tabou. Et là tu te demandes, si justement, ils ne sont pas devenus célèbres parce qu’ils sont orphelins.
Le ténor du barreau, Hervé Témine, a eu une « conscience très aiguisée de l’injustice » à la mort de son père et c’est cette sensibilité qui est à la base de sa vocation d’avocat. La femme politique de gauche, Clémentine Autain, a perdu sa mère l’actrice, Dominique Lafin, à 12 ans et avoue qu’elle a surmonté « ses propres drames en s’intéressant aux drames des autres ». Le réalisateur Serge Moati, lui a cherché toute sa vie l’assentiment de ses deux parents disparus lorsqu’il projetait ses films. Et il explique comment il a choisi la reine d’Angleterre comme mère de substitution (et comment François Mitterrand lui a présenté Elisabeth II !). Quant à l’actrice Anny Duperey, qui a découvert - à huit ans… -, son père et sa mère morts asphyxiés dans la salle de bain, elle a été très tôt, trop tôt, séparée de sa sœur. Et ce n’est pas un hasard elle aujourd’hui marraine de l'association SOS Villages d'enfants qui regroupe les fratries d’orphelins…
Bref, la force de ce podcast, c’est de proposer des roles models à des gamins qui n’ont plus leurs super héros et héroïnes à admirer à domicile. Et c’est vraiment une réussite.
La citation culte du podcast : « Avoir perdu mon père est probablement la chose la plus importante qui me soit arrivée dans mon existence »
Où écouter Sans toi ? Sur les players de Happy End par exemple.
5 | Podcast sur la Mort : Fleur de cactus |
C’est un podcast qui part un peu dans tous les sens, mais tu veux que je te dise, j’aime ça moi les séries un peu foutraques, déglinguées et rococo. Y en a marre des trucs formatés, anglés, avec une belle ligne éditoriale que si tu dévies d’un poil, t’es exclu du parti. Donc Fleur de cactus parle de la mort un peu partout ; ici ou là, en France pendant la première vague du covid (épisode hyper émouvant), au Népal et surtout au Mexique, d’où le nom du podcast. On visite des cimetières baroques et puis on passe l’épisode suivant à découvrir la vie et l’œuvre d’une médium quelque part en France...
Car, en fait la fille à la voix douce qui réalise le podcast, Suzanna d’Arcambel - je kiffe ce nom, on dirait une héroïne de cape et d’épée - alterne les thématiques et les témoignages avec des échappées vers des épisodes un peu strange comme ces interviews sur les cycles de lune ou comment « le cycle menstruel entraîne au deuil ». Bon, là j’étais pas dans la cible.
Par contre, en revanche et par ailleurs, j’ai failli me faire écraser par le 72 en écoutant, fasciné, Suzanne d’Arcambel, interroger Juliette Cazes, thanatologue de profession et bien perchée comme on aime. Bref, vivement la saison 2 !
La citation culte du podcast : « La lala la la lala la la la - Vous écoutez un podcast qui pourrait peut-être vous intéresser – En réalité nous sommes tous des fantômes »
Où écouter Fleur de Cactus ? Sur la plateforme Ausha par exemple.
6 | Podcast sur la Mort : La voie |
C’est un podcast un peu chelou où tu ne sais pas trop où la fille (qui est la voix de la voie) veut t’emmener. On comprend dès l’épisode 1, que la série tournera autour de la mort de sa mère. Mais la narratrice (elle n’a pas de nom, alors je l’appelle comme ça la dame, ça fait classe non, comme nom, narratrice ?) s’empresse vite de nous embrouiller en nous parlant d’autres choses : les aires d’autoroutes, les souvenirs d’enfance … comme si la voie devait forcément emprunter des détours.
Il y a des guest stars dans ces épisodes : la fille de la narratrice de 5 ans en mat’sup, très craquante, son amoureux qui a toujours le mot pour rire (il me rappelle moi, un peu) et des tas de figurants : un voisin sur le chemin, une caissière, une serveuse, une parente d’élève. Bref, c’est un monologue très interactif avec le monde des vivants qu’on écoute sans trop savoir où l’on va… jusqu’à ce qu’on y arrive. C’est à l’épisode 9 que ça commence et c’est à l’épisode 10 que ça se passe. Et là, c’est le kairos, et on atteint une autre dimension.
Mais je n’en dis pas plus, parce que, hein.
La citation culte du podcast : « Je suis une voix qui cherche sa voie ».
Où écouter la Voie ? Sur la plateforme Ausha par exemple
7 | Podcast sur la Mort : Vivant |
C’est le plus long des podcasts (près d’une heure d’entretien par épisode), mais ce sera la plus brève des descriptions car je viens à peine de le découvrir… en écoutant une interview de la voix anonyme de La Voie (voir ci-dessus) qui explique pourquoi elle reste anonyme justement. Je m’arrête là, car je commence l’épisode 15 de ce podcast où est interviewée une psychogénéalogiste, spécialiste de la transmission familiale, un truc qui parle à un sang mêlé comme moi. Allez, je vais continuer à profiter de la vie en écoutant la mort me parler en marchant…
La citation culte du podcast : « Parler de la mort, c'est avant tout parler de la vie ».
Où écouter Vivant ? sur la plateforme Ausha par exemple
Commentaires