L'intelligence émotionnelle en 7 facettes
Comme l'arc-en-ciel des jours de pluie, nos émotions nous en font voir de toutes les couleurs.
Mieux comprendre nos émotions, leur impact sur nos humeurs et notre vision des choses peut véritablement nous aider. Mieux-être pour mieux agir... Donc mieux vivre. En route pour un tour du propriétaire?
Nous vivons des temps où le travail est souvent source de doute, parfois de souffrance. Qu'on en ait un... ou qu'en cherche un... De sorte que nous sommes assez facilement déstabilisés, fragilisés, parfois incapables de mobiliser en nous les ressources nécessaires pour regarder notre réalité en face, la mettre à bonne distance, la considérer avec la lucidité qu'apporte un regard "tiers".
D'où l'intérêt de réfléchir à notre intelligence émotionnelle.
Contrairement à cette intelligence qui résume nos capacités de compréhension et de cognition, qui est stable dans le temps, l'intelligence émotionnelle peut varier fortement selon les périodes de la vie. Les difficultés et les bonheurs influencent "notre moral". Nous vivons des phases, des cycles. Aux périodes de doute, d'autres succèdent où la confiance règne en maître. L'intelligence émotionnelle, qui peut s'évaluer à travers des questionnaires, c'est un peu le selfie de notre vie intérieure, pris comme un instantané, à un moment "M".
L'intérêt n'est pas de se contempler le nombril, de se caresser l'égo dans le sens du poil, ni de se lamenter sur ses petits malheurs. Ni de jouer les Bisounours! Mais plutôt de faire un bilan de "ses forces et faiblesses", comme on dit, pour mieux affronter le réel.
L'intelligence émotionnelle n'est pas constituée d'un seul bloc. C'est un heptagone, une figure à 7 faces. Qui toutes, s'influencent mutuellement, expliquant qu'on ait parfois du mal à s'y retrouver...
Déconstruisons donc l'heptagone!
1 | Sérénité |
La sérénité est la première des 7 composantes de l'intelligence émotionnelle, le premier côté de l'heptagone....
La sérénité est intérieure. Elle s'appuie sur la confiance que vous avez en vous-même; sur la conviction qu'au fond, vos choix sont les bons, que vous pouvez les mener à terme. La sérénité, c'est également votre capacité à envisager les obstacles sans que la crainte d'échouer vous paralyse pour autant. Et en cas d'échec, qui demeure toujours une option, la sérénité vous rappellera que "quiconque trébuche et ne tombe pas, a fait un pas en avant"… On prête cette phrase à Confucius. On ne prête qu'aux riches...
Trop de sérénité peut (mal) dissimuler une très (trop?) haute estime de soi, trahissant suffisance, arrogance, imperméabilité au doute. De Gaulle disait dit-on "je me méfie de deux sortes de personnes. Celles qui doutent de tout, et celles qui ne doutent de rien". Quel sens de la formule, ce Charly, quand même!
Ceci dit, dans le monde d'apparences qui est le nôtre, avoir trop confiance en soi, être arrogant, suffisant, prétentieux, voire d'une indécence insupportable, n'empêche nullement de réussir, et parfois au contraire... Avec même au bout du compte, fort peu de talent.
Des noms? Non! 7X7 n'a pas les moyens - pour le moment-!
L'inverse de la sérénité est l'anxiété. Elle s'accompagne souvent d'une mésestime de soi, d'une conviction d'être un incapable ou pire, un imposteur.
La sérénité peut alors se renforcer par plus de bienveillance: apprendre à se nourrir des compliments des autres, des messages positifs qu'ils vous adressent, ne pas les prendre pour gentillesse imméritée, mais y entendre enfin la reconnaissance de vos vrais mérites.
La sérénité, comme le vélo et la natation s'apprennent en pratiquant. On commence quand?
2 | Optimisme |
Nous connaissons cela par cœur: cette parabole du verre à moitié plein (de Romanée Conti), qui vaut mieux que le verre à moitié vide (d'eau du robinet). NB: on reconnait le pessimiste à ce qu'il croit bon de mettre ce genre de blague entre parenthèses; il croit ainsi désamorcer le propos.
Les pessimistes vous diront qu'ils ne le sont pas. Ils sont "juste" lucides, quoi. Et d'autant plus que la vie est un combat où l'on perd toujours le dernier round. L'optimiste cueille dès aujourd'hui les roses de la vie, et croit toujours qu'il y a toujours une sortie au tunnel. Toujours.
Enfonçons une porte déjà grande ouverte: à moins de transcender son pessimisme dans la création artistique (mais qui souvent sera reconnue post mortem. Le voilà bien avancé), l'optimiste nourrit les six autres facettes de son intelligence émotionnelle...
...Tandis que le pessimiste les pourrit. Une simple lettre, et tout peut changer.
3 | Maîtrise de soi |
Si la sérénité est intérieure, la maîtrise de soi est notre capacité à contrôler nos émotions dans le monde qui nous entoure, et face à lui.
Contrôler ses émotions ne signifie pas les empêcher de s'exprimer. Il s'agit plutôt de ne pas se laisser déborder par elles. Un exemple? (NB: âmes sensibles, s'abstenir rigoureusement de cliquer!) Joe Pesci, dans Casino de Martin Scorcese, illustre fort bien l'individu peu maître de soi.
Un individu "trop" maître de soi peut paraitre insensible. Cœur de pierre. Mais la fonction peut l'exiger : imagine-t-on le ministre de l'intérieur s'écrouler en sanglots devant les caméras, à son arrivée sur un théâtre d'attentat?
Si la colère demeure parfois une option légitime, rester maitre de soi, c'est ne pas se laisser entraîner par son moi intérieur, au-delà des comportements socialement attendus.
Pourtant, c'est bon de pleurer parfois... Et contrairement à ce qu'affirmait un chanteur un rien benêt, ça peut pleurer, un homme. Léo Ferré faisait ça très bien.
4 | Empathie |
L'empathie est l'inverse de l'indifférence: c'est la capacité que nous pouvons avoir (plus ou moins) de comprendre les émotions d'autrui, et pourquoi il les exprime de telle ou telle façon. L'empathie est une attention à l'autre, cet être si mystérieux par essence. Attention plutôt bienveillante, mais pas forcément. Certains pervers savent très bien ce que vous ressentez. Mais ils vont jouer avec vos émotions, pour mieux nourrir leur soif de puissance.
Comprendre (autant qu'il est possible; ce n'est jamais parfait) les ressentis de l'autre permet de ne pas se laisser déborder lors d'échanges délicats, par exemple. Cela encourage la diplomatie et la négociation.
Identifier les réactions d'un interlocuteur invite aussi à mieux contrôler les siennes, développer des relations plus sereines, plus matures avec son entourage, personnel et professionnel.
La personne empathique arrivera finalement à faire sien le fameux accord toltèque qui dispose que "quoi qu'il se passe, n'en faites jamais une affaire personnelle". L'empathie aide ainsi à se protéger soi-même. Double avantage.
Et rappelons-le, si nous sommes différemment pourvus de cette qualité de relation (comme des autres), il est toujours possible de s'améliorer.
5 | Résistance au stress |
Résistance au Stress et maîtrise de soi sont naturellement deux notions voisines. Dans le monde professionnel, les personnes sensibles au stress et à la pression se sentiront plus vite déstabilisées. Le risque pour elles est de développer des symptômes physiques ou psychiques; et aussi de perdre confiance en elles, d'y laisser en route leur stock de sérénité…
Mais le stress, c'est quoi, Resse? Le stress est une réaction réflexe, psychologique et physiologique, de notre organisme. Elle apparait face à une situation vécue comme difficile ou contrariante, et qui demande une adaptation. Le stress est un cocktail. Il y faut un agent déclencheur (l'ordinateur vous plante en pleine rédaction de rapport; le policier vous arrête au péage après cette pointe à 190 sur l'autoroute); le déclencheur entraîne une ou des réactions immédiates, physiques, psychiques, physiologiques (montée de tension, accélération cardiaque, production d'adrénaline); et une attitude, appropriée ou non, en réponse au déclencheur (jeter l'ordinateur par la fenêtre; tenter d'amadouer le policier en sortant une liasse de 200).
Sur ce sujet du stress, comme sur tant d'autres, nos talents sont inégalement répartis. Certains y sont imperméables, d'autres y cèdent avec une facilité déconcertante. Au point qu'on se demande parfois s'ils n'en rajoutent pas une louche, ou des caisses, histoire de passer pour victimes, et ainsi d'avoir la paix.
Parfois, on peut se laisser gagner par le stress sans même s'en rendre compte. Le stress chronique est un symptôme dans ce qu'on nomme dorénavant "Risques Psycho Sociaux". Il ne s'agit pas ici d'en développer les contenus, mais de se dire qu'une trop faible résistance au stress peut perturber voire envahir les autres facettes de notre intelligence émotionnelle.
On peut sans se tromper affirmer qu'une bonne gestion de l'activité physique (NB: l'auteur de ces lignes a 50 kilos en trop, et prend sa voiture pour aller chercher le pain!) reste un excellent moyen de lutter contre les excès de stress. Étant entendu que si nous sommes inégalement pourvus, il y a également des métiers ou emplois plus stressants que d'autres, et que les conditions matérielles (sociales, culturelles, environnement) d'existence sont autant de facteurs aggravants ou réducteurs. Ce monde est assez injuste, en fait.
6 | Sens des réalités |
S'oppose à l'idéalisation. L'être pensant se place ici au cœur de son environnement.
Il prend en compte le ou les contextes où vont s'exprimer ses ambitions, ses choix, ses projets, ses réalisations. Avant d'entreprendre, il faut assurer ses arrières. Prendre des renseignements, des avis, des conseils, permet d'éviter les intuitions parfois malheureuses. Cela parait une évidence. Si elle était suivie, personne ne finirait jamais ruiné.
Avoir le sens des réalités ne doit pas conduire à l'inhibition ou au surplace. Les voies d'un changement positif passent nécessairement par cette phase et par cet examen. Le sens des réalités se nourrit de lucidité et d'analyse. Mais être "trop" terre-à-terre peut brider notre créativité, notre besoin d'espérance. Sur quelque fil qu'on avance, penser au funambule, et ne chuter ni du côté de l'excès, ni dans celui du manque...
7 | Expression de soi |
Si vous avez bien suivi, vous pouvez oser cette question pertinente: quelle différence entre "maîtrise de soi" (voir point 3) et "expression de soi"?
La maîtrise relève du contrôle. L'expression est la façon dont nous traduisons nos émotions en communication (verbale, mais aussi, gestuelle). Vous me direz que l'absence de maîtrise peut être une façon de communiquer? Pas faux.
L'expression de soi, dans la sphère sociale, sera la capacité à savoir dire ses craintes, ses satisfactions, es frustrations. A donner son sentiment, son point de vue, de façon sereine, et sans agresser l'interlocuteur (sauf si on le fait volontairement, pour des raisons particulières).
L'expression de soi, c'est aussi se sentir légitime dans ce qu'on ressent; cela part donc d'un respect de soi-même (important, cela!) sans pour autant devenir égocentrique, capricieux, ou tyrannique.
L'assertivité est une technique à cultiver pour associer maîtrise et expression de soi. Elle vise, notamment en situation de conflit, à n'entrer ni dans la fuite (peu satisfaisante pour l'égo), ni dans l'agression (danger de l'escalade), ou encore de la manipulation (parfois efficace à court terme, souvent dommageable sur le long terme). Ces trois tactiques sont autant de moyens de déplacer le problème, mais rarement de le résoudre.
L'assertivité consiste à expliciter de manière calme, posée, maîtresse d'elle-même, ses émotions, avec l'intention sincère de reconnaître également celles de "l'autre". Non par bonté d'âme, mais parce que c'est souvent la façon la plus productive d'avancer. On pourrait parler d'une volonté d'aller vers du "gagnant-gagnant", expression par ailleurs terriblement galvaudée dans le discours managérial. Dans ce cadre, elle se justifie: je t'exprime mes émotions, tu les entends, tu les reconnais comme légitimes, et je reconnais les tiennes de la même façon; ainsi pourrons-nous avancer vers une solution valable à notre désaccord.
A noter: l'assertivité marche bien, mais jamais avec les pervers, manipulateurs ou narcissiques. Ce jeu ne PEUT pas leur parler, car leur construction du monde et d'eux-mêmes en est l'exact opposé.
Heureusement, ces spécimens sont comme les poissons-volants: "ça existe, mais ce n'est pas la majorité du genre", disait superbement Gabin, sur un texte d'Audiard.
8 | 7+ : OK, mais comment évaluer son quotient émotionnel ? |
Il existe différents questionnaires permettant de mesure son QE, qui redisons-le, donne une photographie de votre "profil" à un moment précis, qui ne sera pas forcément le même qu'il y a dix ans, ou celui de 2026. De même on peut mesurer son assertivité, la structure de sa personnalité.
Ce sont des outils performants et utiles dans le cadre d'un coaching, qui permettent d'avancer sur les voies de son propre changement.
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