7 mystères dans 7 grottes d'HOMO à SAPIENS
Du Périgord en Afrique, on est parti à la chasse aux mystères datés de multiples millénaires...
Parmi nos ancêtres venus d’Afrique, il n’y avait que lui, Homo sapiens sapiens… depuis que le traçage ADN reconnaît nos empreintes, nous sommes devenus les enfants d’Homo sapiens sapiens et un peu ceux de Neandertal ; puis l’homme de Denisova, et son apport génétique, est venu rejoindre nos gamètes. Ce n’est plus un arbre sur lequel nous sommes perchés, c’est une forêt !
Lascaux IV vient tout juste d’ouvrir ses portes, le fac similé de Lascaux reconstitué permet pour la première fois de voir la grotte dans son entièreté (sauf la galerie des félins), alors on est parti sur les 7 énigmes qui traversent la Préhistoire, au plus profond de ses grottes.
1 | Grotte : Pair non Pair, le chasseur ou le chaman |
La grotte Pair non Pair, tapie dans les vignes, est nichée un peu en amont du lieu où la Dordogne et la Garonne se jettent paresseusement dans l’estuaire de la Gironde. En hiver, un splendide dénuement pose son empreinte sur les arbres et jusque sur les mousses des bois qui protègent l’entrée de la grotte.
Au printemps, après avoir dégusté une lamproie chez les pêcheurs des rives de la Dordogne, cet hideux et délicieux poisson aux allures d’anguille géante et à la bouche en ventouse, on acclimate ses yeux à l’obscurité une fois franchie la porte, désormais la source qui abreuvait les Néandertaliens, tout premiers occupants, s’est tarie. Et là soudain, dans le noir, la lampe de l’accompagnatrice dessine les contours des animaux surgis du Gravettien, il y a trente mille ans. Là, bouquetin et cheval avancent par paires, comme surgis de la roche.
Alors, qui les a peints ? Un chasseur au retour d’une expédition, un chaman, désireux de s’emparer de l’esprit de l’animal, ou une main rêveuse, proche d’apprivoiser les animaux sauvages. L’énigme reste à résoudre…
La grotte de Pair non pair est ouverte tous les jours sauf le lundi, le nombre de visiteurs est limité, la réservation nécessaire. Accès : A 10, sortie Saint-André-de-Cubzac, direction Prignac et Marcamps. Tarifs entrée : 8 € Gratuité : pour les moins de 18 ans (en famille et hors groupes scolaires), les handicapés et leur accompagnateur.
2 | Grotte : Swartkrans, dans la nuit africaine |
A Swartkrans en Afrique du Sud, le safari photo permet de filmer le lion, mais si vous êtes curieux, c’est aussi le point de départ sur les traces des Homo, aux racines de notre arbre généalogique. C’est là que serait né notre grand ancêtre il y a 2,2 millions d’années, Australopithecus robustus. Australo : du sud, nous sommes dans l’hémisphère austral et pithecus : un singe. Un de ceux que décrit Robert Wald Sussman dans un livre qui inverse notre échelle de valeurs, Man the Hunted : Primates, Predators, and Human Evolution (L’homme, la proie, les primates, les prédateurs et l’évolution humaine) : l’auteur y dit nos peurs de primates chassés, lorsque nous devions affronter hyènes géantes et tigres sabres, que nous étions une bande hurlante qui, la nuit, cachait au centre du maigre groupe ses petits afin qu’ils ne soient pas dévorés par les fauves.
Quand on poursuit le lion au téléobjectif, on ressent dans notre moi primaire, ce qui est inscrit dans nos gènes, tapi au cœur de notre peur du noir, cette peur installée dans le cerveau de la proie, car nous étions le festin du lion ou du tigre, qui se sont repus de notre frère et de notre sœur. Si vous ne trouvez pas le sommeil, n’allumez pas la lumière et n’avalez pas un cachet, glissez-vous à pas comptés vers la fenêtre et regardez la lune, décryptez le mystère que vous apprend le site, ce mystère enfoui en vous : rassurez la part d’Australopithecus robustus qui domine. Recouchez-vous, c’était il y a des milliers d’années.
3 | Grotte : Cougnac, le dernier grand de la Préhistoire |
C’est cette grotte que nos ancêtres ont préférée. Dans un décor de fêtes, les stalactites et stalagmites lui confèrent un air de conte de fées. On y marche à la queue leu leu, fascinés par les concrétions qui paralysent le temps. On suit la piste tracée par nos ancêtres il y a trente mille ans, au Gravettien. Cet âge disparu hante nos mémoires d’Homo sapiens sapiens quand, soudain, on découvre le mégacéros, cet immense élan à l’envergure de trois mètres, de près d’une demie tonne, vieux d’un demi-million d’années. L’animal ne s’est éteint qu’il y a dix mille ans.
C’est lui le héros de la grotte, lui qui se dessine sur la roche, sa ramure immense couvre le mur, épouse le relief. Et notre énigme qui a traversé le temps, c’est cet homme blessé non loin de l’animal, qui gît pour une éternité à Cougnac. En laissant l’homme blessé, symbole d’un combat ou d’une chasse mortelle, en laissant le guide refermer la grotte des merveilles, reprenez la route qui vous ramène à Sarlat, la ville de La Boétie.
Grotte de Cougnac. Prendre la route de Gourdon, remonter vers Sarlat, sur la commune de Payrignac-Lot. Tarif de la visite 8€, du 3 avril au 30 septembre, puis aux vacances de Toussaint.
4 | Grotte : Le Puits du temps aux Eyzies |
L’Homo de Cro-Magnon a rendu célèbres les bords de la Vézère aux Eyzies-de-Tayac. Toute la vallée est parsemée de sites préhistoriques, ici les Homo se sont succédé, se sont peut-être fait la guerre, plus probablement entraidé, car sans protection, les enfants n’auraient pu survivre. Là, les descendants d’Homo ont bâti un Musée de la Préhistoire, où par une montée dans ce « puits du temps », on rejoint les prédécesseurs d’Homo sapiens sapiens. Mais les bords de la Vézère et ce Musée font partie du Pôle de la Préhistoire, un lieu où scientifiques et savants du monde se penchent sur les molaires des hyènes et les dessins fragmentés des Homo.
Déjà, jusqu’au 5 mars 2017, le Musée national de Préhistoire et l'Institut d'archéologie de la branche sibérienne de l'Académie des Sciences de Russie entrouvrent une préfiguration de l'exposition "Le troisième Homme, Préhistoire de l'Altaï". Et l'été prochain au Musée national de Préhistoire, les scientifiques élucideront le mystère de cette troisième lignée humaine, issue de la grotte de Denisova, dans l'Altaï russe. Une lignée qui n’a pas disparu puisque le génome des hommes en porte encore la trace.
Le Musée de la Préhistoire, Les Eyzies-de-Tayac, en Dordogne (24 620), à 45 km au sud-est de Périgueux, à 6 km à l’est du Bugue, à 20 km à l’ouest de Sarlat. Ouverture : tous les jours de 9h30 à 12h30 et de 14h00 à 17h30, sauf le mardi et certains jours fériés. Prix : 4, 5 €, gratuit pour les moins de 18 ans.
5 | Grotte : Chauvet, à la recherche de dix mille ans |
Rhinocéros, meutes de lions parcourent depuis plus de 30 000 ans les murs de la grotte Chauvet. Anita Quiles et son équipe, Hélène Valladas, Gilles Tosello, Jean Clottes et Jean-Michel Geneste en autres savants ont publié sur la fin d’un mystère du temps. Dans Proceedings National Academy of Sciences of the United States of America en avril 2016, ils annonçaient que le site de la grotte Chauvet n’est nullement contemporain de Lascaux, mais antérieur de 12 000 ans !
Comment ont-ils pu résoudre l’énigme ? La datation a été opérée non plus à partir des œuvres d’art mais avec les roches qui ont fermé la grotte deux fois, une première fois pendant près de 8000 ans, de 30 000 ans à 22 000 ans. Aujourd’hui, on sait que Chauvet a connu une première occupation humaine par les Aurignaciens, homo sapiens sapiens, à 37 000 ans.
Réplique de la grotte à Vallon Pont d’Arc, ouvert tous les jours, toute l’année, horaires en fonction de la saison. Tarifs adulte : 13 €, jeune (10-17 ans)
6 | Grotte : Lascaux 4, l’homo du Puits |
Le site a ouvert ses portes pour les fêtes de Noël, et 2017 nous donne accès à toutes les œuvres pour la première fois depuis 1963, c’est la date à laquelle la grotte originale s’est refermée sur ses peintures mais aussi sur ses moisissures, dues à l’intérêt mondial porté aux peintures foisonnantes de couleur de nos Magdaléniens. Ici, le visiteur appréhende la Salle des taureaux, la plus spectaculaire, cet espace peint, travaillé en se jouant du rocher. Et, le site originel n’ayant jamais été reproduit, le visiteur ouvre enfin les yeux sur ce que nos seuls préhistoriens connaissaient : le Puits du sorcier au centre de la terre où un homme git au pied d’un mammouth furieux, blessé par la bête… par un ennemi… par un chasseur ami… mort… ou se relevant. A vous de résoudre le mystère osé il y a 17 000 ans dans le Puits.
Ouverture tous les jours de 10h à 19h. Tarifs billet entrée du Centre International de l’Art Pariétal : Adulte (13 ans et +) : 16,00 € , enfant (de 6 à 12 ans) : 10,40 €, gratuit pour les moins de 6 ans.
7 | Grotte : Atxurra, un mystère venu d’en-haut |
Le ventre criblé de pointes, figé sur la paroi depuis des milliers d'années, ignoré des visiteurs, le bison aux 20 flèches n’a été repéré qu’il y a six mois. Il a fallu que les spéléologues pénètrent plus loin dans la grotte, affrontent les eaux souterraines, scrutent la roche pour enfin, à quatre mètres en hauteur, découvrir les peintures. La pigmentation au noir de charbon a disparu, mais les traits incisés au silex demeurent fixant les proies de l’Homo pour l’éternité. Les petits chevaux galopent toujours hardiment, les chèvres et les rennes, espèces disparues de nos contrées, les suivent ou les précèdent.
Pourtant la grotte était connue depuis 1929, mais les œuvres de nos ancêtres préfèrent l’ombre comme si le travail des artistes devait être précédé d’une silencieuse introspection. Les préhistoriens sont confrontés à un nouveau défi : découvrir la véritable datation, le lien avec les autres grottes basques.
Oubliée de tous, la grotte d’Atxurra pourrait être la zone de contact entre la Cantabrique et la Dordogne, comme se plaît à l’évoquer l’archéologue Diego Garate, entre la Péninsule et le Continent. Alors il faut sonder le mystère des écoles, des ateliers et des échanges entre les communautés à la fin du Paléolithique supérieur.
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